Seconde partie de mon petit tour des cercles sociaux avec Flickr et les Skyblogs.

Pourquoi ces deux-là ? Parce que s’ils n’ont pas grand chose à voir, il est intéressant de voir comment les membres ont développé leur propre culture. Et de faire tomber quelques idées reçues à propos des Skyblogs.

[note] Les articles “Social Club” restent des analyses ouvertement subjectives et tournées autour de mon expérience. Vous ne trouverez ici ni conseils, ni guides, ni exhaustivité ;)

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//FLICKR : LE PEUPLE DE L’IMAGE

Une Flick-pic typique : macro, geek, cute, saturée et avec des notes (source)

A l’instar de Twitter, Flickr était un projet qui n’aurait jamais dû devenir ce qu’il est, c’est à dire le symbole de la photo numérique, au lieu d’une sorte de Youtube avant l’heure. Bien lui en a pris, puisque le site est aujourd’hui et de loin le meilleur service d’hébergement de photos du monde de la Terre.

On y trouve bien sûr un peu de tout, mais ce qui fait la saveur de Flickr, c’est justement sa dimension sociale (sinon, je n’en parlerais pas, hé) : listes de contacts, groupes, pools, sets, tags, favs, APIs… Le site est, tout comme Facebook, une caverne d’Ali Baba des features ergonomiques. Du coup, toute une tripotée de photographes s’y sont mis et des pratiques se sont créees : les awards, les groups, les fameuses notes, les exhanges etc.

Et comme dans tous les réseaux, certains n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour obtenir la reconnaissance ou plus humblement, l’audience. Car évidemment, on ne va pas s’intéresser aux gens qui se servent de Flickr comme d’un pics dumper ou d’album de photos de famille, mais des photographes qui jouent le jeu du social.

Il n’est ainsi pas rare de voir des photos affublées 40 tags et postées 25 groupes différents dans le but (souvent vain) d’être repéré. Certains (dont je tairais le nom) ont même compris comment augmenter drastiquement leurs chances d’apparaître dans le très convoité “Explore“…

Sur d’autres pratiques, Flickr se rapproche fortement d’une Blogosphère classique : on commente pour se faire remarquer, on se joue leet en créant des groupes privées, on raconte sa vie dans les descriptions des photos… Seule grande différence : l’absence notable de trolls. Flickr, c’est en général Bisounours Land.

Les joueurs dénichent des items rares, les Flickrers courrent après les fameux “awards”.

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Etrangement, j’ai une approche très ouverte de Flickr : si le site me sert de support de portfolio, son système de contact est très flexible.
En gros, on peut ajouter qui ont veut à ses contacts. Que la personne le veuille ou non, elle apparaîtra dans votre liste. J’ai donc pris le parti d’ajouter en retour toutes les personnes qui m’ajoutaient, mais avec une assurance : On peut sur Flickr différencier ses contacts de ses amis et de sa famille. Ce système de liste n’existait au début de Facebook et poussait à un tri à l’arrache.
C’est très clair dès le départ : on peut ajouter moult contacts, mais avoir une vraie liste d’amis. Et du coup dans mes contacts, il y a plein de jeunes photographes, au moins un tiers de gens d’Amérique latine et d’Espagne (jamais compris pourquoi), des pervers qui postent des photos d’eux en train de se masturber (si si, cherchez donc), des fétichistes de la botte et des wanabees. Et mes potes.

D’ailleurs, j’adopte une posture très vieux routard ici. Ayant moins mes preuves à faire et considérant que mes photos sont d’abord destinées à mon blog, je peux me permettre de rarement les linker vers des groupes ou tagger à gogo. Ce qui m’a valu des messages étranges, soupçonnant la conspiration : “autant de vue et si peu d’attention, il est louche ce Lâm“.

Mon usage de Flickr est donc assez basique. Je regarde avec la sagesse du… mec qui se la pète un peu, tous ces photographes tenter de se faire une place au Soleil. C’est un peu comme la Nouvelle Star, avec ses Inoubliables et ses réels talent, certains pas assez ambitieux, certains trop. Amusant à observer et une raison de plus de rester sur cette plate-forme très attachante.

Passons maintenant aux Skyblogs, lol é vous.

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//SKYBLOG : I BELIEVE I CAN BLOG THE SKY

Image écrasée, couleurs criardes et lol : c’est bien un Skyblog, mais…

Bon déjà, commencez par reculer calmement. Posez-moi cette recherche Google par terre, douuuuuucement, voilà, on peut regler ça sans violence : je n’ai pas de Skyblog. Voilà, c’est officiel et jurai-crachai. Pourquoi j’en parle alors ? Pour réparer quelques injustices. Oui, j’aime défendre les causes perdues pour le simple plaisir de l’argumentation, mais pas que.

Car dès que l’on parle de Skyblog, les sourires apparaissent et les vannes commencent à tomber. Et il y a de bonnes raisons : vértibable Zion des racailles lovers, des émos juniors, des lolitas et des boutonneux qui écrivent en sms style, Skyblog (enfin, Skyrock Blog) fait rigoler et se pouffer les gens tellement plus fins et cutivés que nous sommes, hein…

En fait, Skyblog représente ce que l’on appelle un mobilisateur négatif. Si les mobilisateurs positifs sont naturellement les individus et leaders charismatiques derrière lesquels le groupe se range et se soude, les mobilisateurs négatifs sont ceux qui, rejetés et critiqués par le groupe, créent au final aussi du lien et de la cohésion dans ce dernier, puisque l’on va se rassembler contre untel. Un Bouc émissaire quoi. Ce qui m’énerve passablement dans le cas de Skyblog. Car il ne faut pas oublier ces faits :

– Skyrock est la plus grande plate-forme d’Europe de blogging.
– C’est pour toute une génération la première expérience d’Internet, celle qui restera la plus marquante
– Il y a quelques très bon Skyblogs
– Les plus gros Skyblogs défoncent lé doi den le né l’audience de nos blogs “stars”

Et puis, si l’on regarde de plus près la Blogosphère, il n’y pas de quoi faire le fier :

– On se fout de la gueule des djeunz, mais quid des blaireaux webmarketeux qui saturent la blogo et parlent tous de la même chose ?
– Il y a une énergie incroyable dans cette communauté
– Ils ne font pas de billets sponsorisés hypocrites à mort
– Nos gueguerres de bit classement les font bien rire (voir ce post de kwxyz)

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Et puis, de manière plus constructive : En parlant récemment de Skyblogs avec mon petit frère (qui en a un), j’ai découvert plein d’us et pratiques très originales dont une qui m’a vraiement étonné. Ainsi, regardez ce compte : by-juliet.skyrock.com. De base, pas mal du tout. On le parcours un peu et on se rend rapidement compte que seuls 9 articles sont écrits. Le tout en un an. Dans notre culture du blog, un tel rendement est suicidaire, personne ne suivrait ce genre de blog. Et puis, dans le détail, on s’aperçoit qu’il y a aussi presque 1200 commentaires. Pour 9 posts, sans spam. Et parfois, c’est encore plus le délire.

Et alors, le bloggeur influent-optimisé cesse de rire. Et, inconsciemment, en a une petite.

Gné ?

Je demande alors à mon frère comment cela peut arriver si souvent et juste ici. Et le voilà, le boy de 14 ans, qui me regarde d’un air condescendant, de celui qui officialise ton statut de vieux largué T.T Mais comme il est adorable, j’ai mon explication :

“En fait, plein de filles créent un nombre limité de posts, histoire de ne pas dépasser les deux pages d’archives par exemple. Comme ça, déjà, les gens ne se perdent pas dans des dizaines de pages.”
“- Ok, c’est comme un système de portfolio. Mais alors, elles changent de blog dès qu’il y a trop de place ?”
“- Bah non, évidemment ! (regard de pitié + de pédagogie #2) En fait, elles écrivent les nouveaux posts par dessus les anciens !”
“- … Gné ?”
“- Bah oui, comme ça, ça oblige les gens à venir tous les jours pour être sûr de ne rien louper. Et du coup, dans un même post, on a les commentaires de plusieurs textes. Tu me suis toujours, là ?”
“- EVIDEMMENT QUE OUI, PETIT INSOLENT T.T”

Je tombe quand même sur le cul : En marge de nos normes et canons qui paraissent si posés, il y a un peuple gigantesque qui invente ses propres pratiques : pas d’archives, techniques de lecteurs captifs sans en dire le nom et surtout, surtout cette désacralisation du contenu : là où nous chérissons ce que nous produisons, cette génération a su lui donner une importance toute autre, beaucoup plus humble : ephémère, jetable.

Alors que notre blogosphère semble déjà si ancrée dans ses codes, on découvre une autre société, si proche et si lointaine. Un peu comme un petit occidental confortable part en Inde avec son sac à dos et revient l’esrit chamboulé, élargi.

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Alors bien sûr, on trouvera à coup sûr dans les commentaires de ce post des liens vers des skyblogs pas piqués des hannetons (ok ok, un dernier. Allez j’arrête) mais se moquer, ce serait se voiler la face. Critiquer ce que nous ne comprenons pas, ce qui nous fait finalement un peu peur.

Dans la première partie de ce post, beaucoup de gens m’avaient parlé avec tendresse de leur époque Caramail. Hey ho les cocos, prenez du recul : CARAMAIL C’ETAIT PIRE QUE SKYBLOG ! Il n’y a que notre nostalgie pour voiler la face de ce Drago-drôme beige-rouge pour ados en mode a/s/v ! Caramail était un sommet d’adolescence qui se frotte en rigolant comme une vache, lol.

Ce qui m’amène à ma théorie finale : critiquer automatiquement les Skyblogs, c’est avouer aussi sûrement qu’on devient un vieux con. Meuh oui. Parce que vous, qui rigolez sur ces blogs, rappelez-vous donc de votre belle jeunesse : mais qui passait donc ses récrés (et ses fonds de classe) à faire remplir son cahier de texte / agenda par des “dédicace à Lâm, t’es trop mon meilleur pote de la 5e B” et autres “Un petit mot de Vaness’ je sais pas quoi écrire à part qu’on se connaît pas encore trop mais que je t’adooooooore” ?
Voilà, vous avez compris : Jeunes, on faisait la même chose mais en 1993, on était juste trop pouilleux pour avoir le net. Et donc des blogs.

Un blog, dans les années 90.

D’autres exemples ? Mais, avec plaisir :

>> Ce langage sms, c’est une insulte au bon français !
Mais qui était si fier de parler verlan et d’utiliser des “méfé safa geufeu cofo défé” pour emmerder les adultes ?

>> Sans parler des textes dégradés et fluos, allo mes yeux !
Que celles qui n’ont jamais mis une cartouche bleu turquoise dans leur stylo plume Creeks me jettent la première pierre.

>> Et puis, ils remplacent toutes leurs lettres par des symboles ridicules…
Ah oui et quand on était des 1337 g4m3rz, 0n ai|\/|ait |_ ? fr/\nc4iS, tOuT eN RESPecTant a mOrT lEs cAPs LoCK.

>> Bon mais quand même, leurs photos de bo/bellegosse, c’est ridicule, non ?
Alors, je vais sur Facebook, voir les avatars pseudo stylés de mes contacts (n&b, genre studio, bogoss à un mariage etc.)… Ho ho.

>> Mais mince, regarde la déco de leur blog, ya tout et n’importe quoi !
Et toi, tu ne collectionnais pas les posters, les tickets de cinéma, les images de Johnny Depp et tu ne barbouillais pas au feutre et Typex ton Eastpak avec des noms de groupes de rock ? Bah, si.

etc.

Aujourd’hui, les jeunes utilisent au mieux les plates-formes d’expression, la culture exacerbée du réseautage et on se moque d’eux ou l’on a peur pour eux car au final, nous sommes des vieux cons. On trouvait nos vieux trop ringards d’avoir peur pour nous, de ne pas nous faire confiance, de penser qu’on était trop bêtes pour ne pas être influencés par la télé ou les jeux vidéo. Et nous voici aujourd’hui, tous sains d’esprits à ne pas faire confiance à nos jeunes, à les moquer, à les décrédibiliser. En gros, à reproduire le même schéma que tout le monde. Nous sommes tous les vieux cons d’un autre.
Allez, fin du plaidoyer pour Skyblog, que je ne vous demande bien sûr pas d’admirer, mais bien de considérer comme il se doit : une culture djeune comme nous avons eût les notres. Avec en plus des spécificités très intéressantes.

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Avec le recul, il est donc intéressant de voir que des plates-formes sociales non généralistes développent des techniques et des coutumes spécifiques, dont certaines seraient très pertinentes ailleurs. Et que sous les apparences et les préjugés, des énergies grondent sans se préoccuper de ceux qui en ont peur.

A très vite pour la 3e partie de ce Social Club : Twitter et ces services 2.0 dont on ne sait quoi faire.

Social Club 1 : Facebook et MSN
Social Club 2 : Flickr et les Skyblogs
Social Club 3 : Twitter et les autres