Actuellement, mon coeur bat si fort qu’il fait résonner tout mon corps et m’empêche de dormir.
Comme une enième alarme pour vous partager ce qu’il m’arrive depuis un mois et demi.
Dimanche dernier, je me suis décidé, cliqué sur un billet pour Bali. 10 jours, départ ce matin, aucune préparation, un sac à dos pour seul bagage. J’ai décidé de partir car depuis quelques temps, mon corps me lâche : migraines, courbatures, insomnies, fatigue, perte de 3 kilos, tremblements incontrôlés et surtout, un cœur qui bat aussi vite qu’il bat fort. Tout le temps.
Moi qui suis sportif, ne fume pas, boit peu, ne me drogue pas et mange bien, c’est une première. Une volée d’escalier et me voici à bout de souffle. 100 mètres de marche du métro au boulot et je me tiens la poitrine. Et parfois même sans raison, me voici essoufflé.
Grosse frustration pour ma médecin de maman, j’ai toujours été du genre à encaisser les maladies et douleurs sana vraiment agir. En demie-auto-dérision, je dis souvent “t’inquiètes pas, je vais contracter fort les muscles et tout ira mieux”. Sauf que là, non.
Ma mère s’y est mise, un labo d’analyses s’y est mis, une cardiologue s’y est mise, un autre labo s’y est mis, une seconde cardiologue s’y est mise. Histoire de comprendre pourquoi mon coeur bat en 90 et 110 pulsations par minutes et ce, “au repos”. Et qu’il bat si fort que je ne peux plus dormir sur le côté comme d’habitude, mes oreilles sentant la vibration que le coeur transmet à mon lit.
Les raisons avancées au départ, elle tiennent toujours aujourd’hui : je fais un bon gros burn out des familles, à force d’empiler projets, travail et activités personnelles. J’ai été sous grosse pression en début d’année pour Lense. Le happy end est arrivé, mais cela m’a laissé des traces. Et puis, comme certains d’entre vous s’en sont doutés, mon couple traverse une crise.
Je ne vais pas entrer dans les détails (pour elle, pour nous), mais disons qu’elle m’aime moins, tout bêtement. Cela me dévaste de tristesse. Je pleure beaucoup, souvent seul, parfois devant elle, je regarde le plafond en essayant de péniblement me réveiller, en essayant de péniblement me coucher. Elle est en voyage, là, pour 3 semaines avec sa soeur. Je suis seul chez nous avec mon cœur meurtri à tous les sens du terme.
Si le stress professionnel et personnel entraînent une somatisation, je ne comprends cependant pas les symptômes observés. Généralement, la pression ou la colère me compressent la cage thoracique, me démangent les molaires (si si), me font un peu trembler. Ma tachycardie continue est ici une première.
Avant-hier, Lise, ma seconde cardiologue a trouvé. Après m’avoir vu une première fois, pratiqué un électro-cardiogramme, froncé les sourcils, lancé un second électro-cardiogramme, elle m’a renvoyé vers un labo pour un second bilan sanguin avec différents tests. Puis m’a prescrit un Xanax, le médicament que je croyais que les MILFs américaines se droguaient avec. Et je suis retourné la voir, un peu étourdi.
Pendant que j’étais couché avec plein de pinces et de ventouses mesurant mon corps, elle était au téléphone avec le labo, venait me voir, repartait, revenait, lançait un nouveau test, rajoutait du gel à échographie sur mon cœur. Puis m’a dit de me rhabiller et de venir à son bureau. Elle – et donc je – a rapidement tué le suspense pour me rassurer.
Je ne vais pas mourir d’une crise cardiaque, en voilà une nouvelle qu’elle est bonne. En fait, mon corps et mon cœur sont déréglés par ma thyroïde, gonflée et produisant trop d’hormones. Je fais une hyperthyroïdie, selon l’appellation officielle.
“C’est grave docteur ?”
“Dans votre cas, cela semble aller, il faudra retourner demain en radiologie pour analyser votre thyroïde et retourner en laboratoire pour un nouveau bilan sanguin qui permettra d’analyser votre TSH, FT3 et FT4.”
“Donc c’est un syndrome connu ?”
“Oui et d’ailleurs, c’est étrange, il est surtout répandu chez les jeunes filles assez émotives !”
Nous avons bien ri (vous aussi, j’espère, c’était l’instant léger de ce post). J’ai moins ri lorsque, au téléphone avec un collègue endocrinologue, elle m’a confirmé qu’il fallait que j’annule mon voyage à Bali.
“Votre traitement sera “chiant”, pour dire les choses honnêtement. Le traitement d’une hyperthyroïdie est long et ce, juste pour trouver le bon dosage, il existe de plus des effets secondaires, vous devez subir un check au minimum toutes les semaines et…”
“Et ?”
“Et bien, votre électro-cardiogramme est vraiment étrange. Pour tout vous dire, il ressemble à celui d’un infarctus.”
Je suis devenu encore plus pâle, malgré les mots rassurants de ma cardiologue : mon diagnostique ne signifie pas forcément que je risque un infarctus sous peu. Ce matin, la radiologue m’a également rassuré, je n’ai pas de nodules qui auraient compliqué l’état de ma thyroïde et ma guérison. Ma mère, qui me prodigue moult séances d’acupuncture et d’hypnose, se veut également positive. Après des semaines de discrétion, j’ai commencé à en parler à mes proches, et maintenant vous, cela me soulage.
Et ça me soulage aussi de poser un nom sur la maladie me fait poser genou à terre. Même si la guérison et le traitement prendront des mois, même si je croule sous les cachets aux effets secondaires plus ou moins désirables, même si je ne peux plus partir hors de portée de mon futur endocrinologue plus de 6 jours, même si je déteste me voir physiquement en ruine, j’ai l’impression de donner la petite impulsion depuis le fond que je viens de toucher.
Reste maintenant l’autre mal qui me ronge mentalement et physiquement, celui qui échappe à toute radio et prise de sang : je suis seul chez moi, loin de ses yeux, loin de son coeur. Toute ma volonté et toute la science restent impuissants face à cette autre souffrance du coeur.
update : merci, merci, merci.
update 2 : j’en ai pour 18 mois à 2 ans de traitement, avec une prise de sang toutes les semaines les deux premiers mois. MAIS, mon médicament s’appelle PropranoLOL.
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