Vous me direz que je suis grand public et que j’aime les grandes sagas pleines de codes. Je vous dirais oui, tout à fait. Je ne porte pourtant aucune affection particulière à la Saga Rocky mais j’aime beaucoup Stallone, cet homme un peu maudit mais très clairvoyant (si si, relisez ses interviews, c’est toujours très surprenant).
Rocky VI donc, ou Rocky Balboa, ou un bon film de cœur. Arguments et spoilers dans la suite.
Enfin pas vraiment en vrac, car il se dégage dans ce film un modernité assez étonnante. Tous les Rocky ont toujours été très ancrés dans leur époque (rêve américain, dureté Reaganienne, fin de la Guerre Froide, papy boom) mais celui-ci se révèle très humble et égo centré, pour le meilleur.
Pas de noir ni de blanc, pas de Rocky surhomme ni de rédemption totale. Juste les affres d’un homme de cœur confronté au deuil, au lien et le rapport aux limites. Ainsi, le film baigne du début à la fin dans un crépuscule ambiant faisant parfaitement dualité avec l’aube triomphante du premier Rocky. Agréable, affable et généreux, ce Rocky Balboa est quand même un sacré monument. Le reste en vrac.
– L’adversaire de Rocky n’est pas méchant, ni un monstre, juste un gamin talentueux et désabusé. Ses promoteurs ne sont pas des putes truquant les matches un couteau sous la gorge du fils de Rocky, mais juste des hommes d’affaire efficaces. Cela donne à son écriture une nouvelle gamme de choix qui ont le temps de vous surprendre.
– Rocky ne choisit pas son dernier combat avec des flammes dans les yeux, il se lance juste comme ça. Son entraînement – qui fait toujours autant plaisir à voir – est tout con, à l’image de celui de son adversaire.
– Le combat lui-même est d’ailleurs très étrange. Par que ce n’est pas une rencontre au sommet mais plus une blague médiatico-sportive qui se transforme en lutte de chiens. Parce que pour la première dans l’histoire du genre, c’est le « méchant » qui se retrouve malencontreusement handicapé durant le combat et que le « gentil » en profite.
– Le rapport au corps est aussi un choix très surprenant. Même si son coup de buffle et ses poings gros comme des melons le trahissent, lorsque Rocky tombe le peignoir en satin, on est impressionné par sa musculature toujours aussi torturé, dont les signes de vieillesse renforcent encore le graphisme. Face à lui, Dixon est très fin, assez informe et presque trop gras.
– Les caméos et clin d’oeils sont bien sûr présents, mais bien pensés ou en fait pas trop pensés. La nostalgie déjà fortement ancrée dans cet ultime opus n’est pas sureprésentée.
– Il y a de l’amour, mais il suit un – des – chemins plutôt frais.
– Et finalement, ce qui fait tout le charme de Rocky, c’est bien sûr Stallone. Avec sa gueule cassée et sa diction au délà de toute caricature, il est et sera pour toujours l’étalon italien, qu’il le veuille ou non. C’est tout de même frappant de sentir ce personnage si énorme dans son écriture et si naturel dans sa narration.
– Et puis il ne faut pas retirer à Stallone deux ou trois fulgurances de jeu, toutes en retenue, notamment son passage à la commission, la discussion avec son fils ou sa rage et ses larmes pudiques dans l’abattoir.
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