Un peu de repos pour penser le concert, la performance de Daft Punk dans son entier.
Déjà, matter cette vidéo :
Ensuite, lire la suite – et voyager dans le temps.
Mal Party
Oublions vite la première partie que je qualifierais en un mot : “OoooooooooooooooOOOoooo OOo“, soit 50% des paroles de Klaxons, un groupe anglais aussi déprimant que déprimé.
On passera également sur les sets anecdotiques de Sebastian et Kavinski, en pleine lumière, c’est dur d’apprécier.
Et puis, le noir total, et l’accord magique de “Rencontres du 3e Type”.
On devient fous et les voilà qui apparaissent, d’un coup, éclairés par le dos, comme venus nous délivrer un message. Le sample “Robot Rock” démarre très lentement pour accélérer – une spécialité maison. Et c’est parti pour un grand voyage en immersion totale.
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Mantras Rockailleux
Un tunnel sonore et visuel d’une heure quinze, un tunnel non stop, rythmé par les classiques du duo complètement revisités, remixés, mashupés, bootlegés. Une transe filtrée et rockailleuse non stop, emmêlée et si dense qu’elle en devient organique – un comble pour des robots.
Aux nombreux samples inédits qui pourraient fonder un album à eux seuls, Daft redistille les paroles si intemporelles de ses titres. Et où l’on se rend compte à quel point ces paroles si simples et si entêtantes se révèlent comme des mantras de la Dance : “Face to Face”, “Technologic”, “Too Long”, ce ne sont que des prières de transe.
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Plus que des Robots, des icônes
Et puis ces robots. La beauté absolu des casques, mise en valeur par un jeu de lumière assez unique, ajoute du poids au travail unique produit par le duo en matière d’iconographie :
On ne voit pas Daft Punk, on ne voit pas leur mains qui travaillent et cette abstinence rend les choses encore plus iconiques et désirables.
On voudrait les toucher, vivre un instant dans l’un de ces casques, imaginer leurs visages, mais c’est impossible. Il est désormais impossible de considérer les Daft Punk commes des humains. Car si le casque est le seul artifice de ce fantasme, leur absence totale de visage et d’émotions, l’absence de regard les rend surréaliste.
(c’est triste à dire, mais baissez le son)
Et l’on se retrouve hypnotisé par ces entités qui ne vous disent rien mais vous raconte tout avec leur musique. Et pendant que la foule entre en transe, on ne perçoit d’eux que de légers mouvements de nuque. Daft Punk ont beau bouger comme des humains, ils sont plus crédibles en robots car ils vivent totalement leur fantasme, sans concession : ne tentant pas d’en faire trop, ils sont comme des enfants déguisés mais juste investis par leur fantasme.
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Scène de vie
Le tout se retrouve démultiplié par cette scène surréaliste qui respire en rythme avec la musique, aussi vite qu’elle, puis prend ses liberté par rapport à son rôle originel d’illustration narrative.
C’est en regardant aujourd’hui les vidéo que l’on s’en rend compte. Comme on doit couper le son tellement il es dégueulasse, on se retrouve face à cette symphonie lumineuse qui baigne dans une foule hystérique.
Cette nappe visuelle prendra une tournure onirique à la fin de la partie “regular”. Daft s’anime, salue le public, embrasse, image car si humaine Et ils partent.
Dans les règles du jeu, nous les rappelons, hurlons et la, toujours dans le noir, tous les téléphones des gens s’allument. On savait depuis un certain temps à quel point ils avaient remplacé les briquets, mais dans contexte, le vertige grondait : imaginez un noir total qui s’immacule de lumières, comme si vous étiez couchés à l’envers non pas en train de fixer un ciel étoilé, mais baignant littéralement dans ce ciel étoilé.
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HUMAN – TOGETHER
Ils reviennent avec la surprise visuelle de leur cru, la vraie chose inédite depuis leur tournée de 2006 (Coachella, Belfort). De vraies images apparaissent, le contenu visuel s’enrichit depuis les LEDs et soudain, le noir et le minimalisme.
Vêtus de combinaisons à néon oranges, nos deux robots passent une nouvelle étape dans l’abstraction : entre Tron et lumière noire, les voici littéralement transformés en âmes virtuelles, toujours au commandes du vaisseau Bercy, poussant les réacteurs du trip à 120%.
On se retrouve alors dans un état second baigné dans ce second mix plus aride et expérimental, avec deux symboles aux commandes.
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Un généreux partage de l’avenir
La force de Daft Punk, c’est donc la manière de nous faire vivre leur univers. Un univers fort, codé et loin de nous. Mais au lieu de l’expliquer, de le justifier ou de le défendre, ils le vivent.
Et le rapport de force avec le public s’inverse : on se retrouve émerveillé, humble et un peu gênés face à ces robots qui nous font presque la fleur de se laisser observer.
Plus on prend du recul et plus on se rend compte qu’en créant un univers entier et détaché de tout, Daft Punk s’extrait par la même occasion du débat critique. Ils ne sont pas bon ou mauvais, ils sont Daft Punk. Peu d’artistes sont arrivés à se créer telle autarcie artistique, aucun en si peu de temps.
Parce qu’elle brise tous les codes musicaux (court et ininterrompu), visuels (la scène vivante, l’éclairage en direction du public et non des artistes) et iconiques (le visage et les mains sont invisibles), l’apparition des Daft se pose en parenthèse absolu, un voyage total dont nous étions les passagers clandestins mais bienvenus. Une expérience décalée et jouissive d’un Live hors du temps, bref
Un concert du futur.
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