Hey, mais…
Drôle de rencontre. En surfant quelques semaines auparavant sur SLG, je suis tombé sur une fille que je connais assez bien, sans jamais avoir été son ami direct. Elle posait dans une galerie soft porn un peu arty/amateur (ambiance Terry Richardson). Ca m’a fait bizarre, très bizarre. Avec le net, on croise de plus en plus de gens au hasard d’un surf, souvent sous un éclairage différent.
Mais dans ce cas, il très troublant de découvrir quelqu’un sous un jour nouveau, particulièrement lorsque cela touche au domaine hautement spécial qu’est le sexe. Cela ne m’étais jamais arrivé de voir de manière publique une connaissance privée, au coeur de son intimité, dévoilée, le regard frondeur, droit dans les yeux. Mais dans les yeux de qui ? Pense-t-elle aux gens qui la reconnaîtront ?
L’impossible anonymat
J’avais plus ou moins zappé cet épisode de ma mémoire… Mais je suis retombé sur elle via le podcast d’un site alternatif et branchouille (et pas porno) que je ne citerais pas – elle est en homepage. C’est le destin qui pousse ou je ne m’y connais pas.
Le podcast dresse le portrait d’un photographe assez reconnu dans le milieu sexe, durant une séance. Elle pose pour lui. A la question : “Que penses tes parents de ton activité ?“, elle répond en riant : “Ils ne sauront jamais, ma mère ne surfe jamais“.
Evidemment, on va la reconnaître tôt ou tard. Et de plus en plus. Cette fille connaît beaucoup de monde. J’ai un peu le vertige en imaginant sa mère cliquant sur le site en question, suite à la possible “dénonciation” d’un proche.
Et la vidéo continue de tourner, elle parle, toujours aussi naturelle, marrante et attachante, comme je l’ai connue. Je la sens épanouie, toujours aussi pimpante et singulière. Le contraste est saisissant, entre l’évidente beauté des images et l’aura sulfureuse du mot “porn“, entre son ingénuité et l’épée de Damoclès qui pèse chaque jour un peu plus sur elle.
C’est érotique, tout simplement.
C’est quoi ce bordel ?
Une révélation n’arrivant jamais seule, j’en ai appris une bien costaud l’autre soir : on m’a appris qu’un pote d’enfance venait de partir au Cambodge ouvrir une “maison d’hôte”. Je suis pas mal tombé des nues sur le coup : Tout le monde n’ignore évidemment pas que maison d’hôte en Asie du Sud Est se comprend très souvent maisons d’hôtesses.
Patpong, le quartier rouge de Bangkok.
Un mec que je connais depuis qu’on a 6 ans va devenir tenancier de bordel, proxo, mac, et toutes les images qui vont avec. Allo ? Michel ?
Avec un X, comme Ex-extrêmités
Me voici donc mis face à des rapports différents au sexe. Plus extrêmes mais en fait dans la continuité de notre rapport toujours plus poussé et intellectuel au sexe : lorsque l’on voit la banalisation du porno, les nouvelles sexualités, la montée du SM chic comme de la pédophilie, de la zoophilie, la nudité masculine dans les films, les fétichismes, la banalisation de l’érotisme, l’échangisme, les plans à 3 et plus, les sex toys…
Toutes ces pratiques et facettes du sexe plus ou moins hard participent toutefois ensemble à un besoin dans les sociétés modernes de tromper nos limites en général, sur le sexe en particulier. Il y a 50 ans, l’adultère, montrer un genou, l’homosexualité, la fellation, le tourisme sexuel, les Cam people, Meetic et la sodomie étaient simplement illégaux. Nous en défendons la plupart aujourd’hui, contre les “réacs'” et les “moralisateurs”. Oui bon, je fais un peu mon Houellebecq, mais il n’empêche.
Difficile soudainement de poser un avis arbitraire sur les sexualités… J’ai la qualité ou le défaut d’être un ardent progressiste et de poser un regard très dépassionné sur ce qui me choque au premier abord, pour en comprendre froidement les tenants et les aboutissants.
Nous sommes des jouisseurs au sens large du terme et le sexe occupe une place toujours plus large, que ce soit en poids ou en facettes.
Poserais-je demain pour un set porno chic ? J’ai déjà posé à poil pour une marque de cosmétique, la différence n’est finalement pas si grande.
Gagnerais-je de l’argent avec des filles ? Non, mais que dire si je vends un jour des images érotiques comme celle de Divide ?
Je me sens évidemment loin du cran et de l’envie de sauter le pas, mais je ressens à travers les cas de mes deux connaissances un glissement qu’il sera intéressant de ré-analyser dans une décennie.
Car la question est vertigineuse mais assez prévisible : Qu’est-ce qui sera extrême, choquant ou gênant dans 50 ans ? Lorsque l’on voit les nouvelles pratiques et tendances dans certains pays (Japon, Pays Bas…), on se dit que c’est trop. Mais lorsque l’on va en Inde ou au Texas, on passe pour des dépravés. On voyagerait presque dans le temps en voyageant à travers certains territoires.
Les choses vont vites dans les moeurs, mais je me sens encore très prude/conservateur par rapport au porno (arty ou pas) et au proxénetisme (avéré ou pas). Moi qui pensait écrire un post sur le premier film X que j’ai vu en couple, je me sens un peu fade, soudainement…
Reste une constante : la domination des hommes sur ces pratiques. A l’heure où les femmes se réapproprient lentement une égalité dans tous les compartiments de la société, j’ai l’impression que les champs du sexe exploitent toujours plus les filles, à quelques exceptions prêt(e)s. Et ce ne sont pas mes deux connaissances qui vont changer la donne sur ce point.
Le podcast se termine, elle pense écrire un livre sur l’obsession. Elle fait une grimace hilarante face à la caméra et la vidéo touche soudainement à sa fin : Au noir, sur un bruit de déclencheur photo.
En tout cas, bonne continuation.
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