J’avais envie d’être seul aujourd’hui.
Généralement, après un évènement collectif fort comme cette Coupe de France des Jeux Vidéo (ou une soirée, un week end, une colonie de vacances, un mariage), on craint et l’on subit le syndrôme d’extrême solitude. Notre espace paraît grand et vide, on voudrait avoir une présence.
Aujourd’hui, je voulais être seul. Après avoir aidé les collègues de Games Services à réinstaller les bureaux (avant de tout redémonter dans 3 semaines), je suis allé voir ma soeur et ma filleul.
Absentes.
J’ai attendu sur le pas de la porte, me suis posé. J’étais bien. Une heure plus tard, chez ma soeur : j’ai ri avec la petite puis me suis endormi sur le canapé jusqu’à 21h45. En me réveillant, j’avais besoin d’être seul. Alors je suis allé voir Zidane, Un Portrait du 21e Siècle, ce documentaire plastique sur notre divinité de ces dernières années.
Nous entrâmes 8 dans la salle. “Ya que ça comme fans de Zidane ?” se plaint l’un des spectateurs. 8, pas plus, moins même.
Le jeune devant moi est parti vers la 35e. Les trois blacks rigolards craquent à la mi-temps.
Pas facile, le Zidane. Un documentaire âpre dans son ensemble (la caméra ne suit que Zidane) et parfois surstylé (in/out focus, mixage son trop travaillé). Quelques sous-titres, aucune bio. Une plongée presque pure dans la peau d’un footballeur professionnel. Ce dernier fait honnêtement son boulot. Concentré, appliqué, pas forcément passionné. Ce soir de match contre Villareal est un jour de boulot. C’est un regard très nouveau pour moi. Je me love dans le rythme du film.
Il en ressort que ce Zinedine est un bénédictin du foot. Il ne crie pas, ne sourie pas. Il marche beaucoup, regarde continuellement avec son regard noir écrasé sous ses arcades sourcillières si belles. Ses tiques, je les aime bien, surtout ce frotté de pointes dans l’herbe, je ferais bien pareil. ON le sens tellement seul, au milieu de ces 21 autres joueurs, ces 3 arbitres, ces 70 000 supporters en toile de fond.
Il ne touche pas tant de ballons que ça. “C’est nul, il fait aucun gestes techniques” se plaint mon voisin de derrière. Un meneur étant un homme de transition, on voit beaucoup de gens passer autour de Zidane. Des ballons aussi. C’est étrange. Un soir de routine, une notion assez lointaine du football qu’on nous vend.
Et puis, il y a ce sourire échangé avec Roberto Carlos. Un sourire qui n’en finit pas, j’attend qu’il s’estompe mais non, il dure, telle une persistence rétinienne. S’affaisse puis revient. Le plaisir du film est là. Et puis Zidane prend un rouge après une montée de sang et le film se termine.
Derrière et sur ma gauche, les 3 spectateurs se lèvent rapidement et disparaissent avant même que je n’ai enfilé ma veste. En me retournant, j’aperçois un spectateur secret au fond.
Sortie en plein air, j’enfourche la mobylette de ma chérie et le retour dure un temps infiniment long, infiniment bon. Seul sur le terrain, seul dans la ville. Je me laisse serpenter dans le rues, allonge mon trajet.
C’est bon d’être seul.
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