Commen?ons par le d?tail, pour terminer sur le g?n?ral.
1. Allez voir Mission Impossible : Rogue Nation
C’est une d?licieuse friandise d’action / espionnage, avec tous les ingr?dients qu’il faut : voyages, gadgets, bases r?put?es imp?n?trables, courses poursuites, trahisons de trahisons. C’est un film avec une vraie femme “forte”, qui se bat contre des hommes et ne tombe pas pour le h?ros. Bien jou?, Rebecca Ferguson. C’est aussi un film ?tonnamment sobre jusque dans son final, qui a le bon go?t de ne pas faire sauter un Golden Gate Bridge ou une Tour Eiffel. C’est enfin un d?licieux travail d’autod?rision le genre et sur Tom Cruise, h?ros et acteur voulant tout r?gler lui-m?me, jusqu’au non sens. J’adore Tom Cruise, l’acteur total qui donne tout, quelque soit le film. Ce qui incl?t les cascades, qu’il prend un malin plaisir ? jouer lui-m?me. Cette ligne de CV?le place dans le club tr?s ferm? des stars casse cou, aux c?t?s de Jackie Chan, Jean-Paul Belmondo et Buster Keaton. Le risque physique comme financier (ces acteurs ?tant les piliers du film) ajoute clairement au c?t? ?pique des cascades.
Et j’ai beau ?tre un progressiste, la cascade ? l’ancienne ?a me touche toujours autant. Voire, plus qu’avant. Merci qui ? Merci les images de synth?se.
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2. On peut tout faire, on ne ressent plus rien
En permettant de produire l’impossible, l’image de synth?se et leur g?n?ralisation dans les ann?es 2000 ont autant r?volutionn? la cascade qu’elle l’a d?valoris?e. Le probl?me se r?v?le m?me plus g?n?ral, mais restons-en aux cascades. Combien de films d’actions, de s?quences impressionnantes commencent bien, jusqu’? ce que le “wow effect” aille trop loin et que nous, spectateurs, retombons en se murmurant “ah, c’est encore de l’image de synth?se“. Deux symboles ? cela : Matrix et Star Wars.
Matrix a ?t? le pivot de toute cette culture : les ?poustouflantes chor?graphies martiales de Yuen Woo-ping restent dans les t?tes, comme les images de synth?se, qui ont engendr? une nouvelle g?n?ration d’esth?tique…
“Oui oui oui !”
… Mais aussi les abus qui vont avec. Parce que la surench?re, parce qu’? cette ?poque, l’image de synth?se reste bluffante ? tous les sens du terme, on se dit que ?a passe. Et on assiste ? un passement de pouvoir.
“Non non non !”
Soudain, tous les personnages font des saltos, toutes les cam?ras virevoltent ? travers du faux verre, on en peut plus, c’est l’overdose de “we must, because we can“. Pensez AU HASARD ? toute la filmo de Zack Snyder.
L’autre symbole de cette fascination pour l’image de synth?se qui tourne mal, c’est Star Wars, trilogie I II III. On a vu ? quel point Georges Lucas a tu? tout le charme de son univers avec des images de synth?se aussi omnipr?sentes que mal r?alis?es.
“Yep. That happened.”
L’image de synth?se est un super ?l?ment de trucage, je regrette surtout qu’elle soit devenue le seul ces derni?res ann?es. Apr?s 20 ans d’escalade et d’abus de plans, d’environnements et d’acteurs en image de synth?se, nous voici litt?ralement anesth?si?s de tout frisson, toute excitation devant une cascade.
“Vous savez ce qu’il dit aux cascades 100% images de synth?se, Jackie ?”
Et bonne nouvelle, on pourrait bien assister ? un retour de la cascade en chair et en os et en taule froiss?e.
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3. Last Action Heroes
On l’a vu dans le cin?ma d’action, avec la trilogie des Jason Bourne qui a fait ?cole, mais aussi avec les Mission Impossible, o? un saut depuis un immeuble nous donne enfin un petit haut le c?ur.
L’annonce de J.J. Abrams de favoriser des effets sp?ciaux “r?els”?(maquillage, animatronix) dans la prochaine trilogie Star Wars m’a plus vendu le projet que n’importe quelle autre annonce.
Un m?lange d’effets sp?ciaux in situ et post prod reste un excellent cocktail pour cr?er des s?quences folles, mais un minimum cr?dibles. Ce f?t en grande partie le cas de Mad Max, o? l’image de synth?se a su s’int?grer, soutenir et non pas tout recouvrir.
Je parie que toute la g?n?ration de films ayant abus? de l’image de synth?se ces derni?res ann?es vieilliront aussi bien que les actrices ayant abus? du botox : un rendu excessif, peu cr?dible et qui p?nalise au final l’acteur. On les regardera alors avec autant de tendresse que les navets des ann?es 70 ayant abus? des costumes en caoutchouc.
Apr?s 20 ans d’abus, nous voici anesth?si?s de tout frisson.
En attendant, regardez le ma?tre Buster Keaton en action. Ses cabrioles m’impressionneront toujours plus que toute la filmo – au hasard – de Zack Snyder.
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