Le site de rencontres Meetic organisait une “Nuit des Célibataires”, mmm… au programme ? Une rencontre entre moitiés au Bains Douches (mmm). Et pour faciliter la tâche des rapprochements corporels, on leur à donné un sujet de conversation tout fait : “Et t’en a pensé quoi du nouveau Bridget Jones?”
Car avant l’open bar, l’avant première du film était offerte. Ouaisss.
Analyse et spoiler du nouveau film single par exellence (en théorie) dans la suite…
Bridget !
Ce soir, on se met sur son 31, c?est la nuit des célibataires, organisée par Meetic.fr” et parrainée par Bridget Jones 2. Interessé par le sujet, je pars en éclaireur pour Tech? (heh, un syndrôme peut se terrer n?importe où) assister à ces soirées entre nouveaux célibataires urbains dont tout le monde parle depuis quelques mois : Ally Mc Beal bla bla bla, Sex and the City ble ble ble? Même moi je suis célibataire tiens, ca tombe trop bien, cool chuis trop in.
Partis à l?aventure avec Yabi (célibataire de moi d?ailleurs), nous arrivons tanquillement à l?UGC des Halles et snobons la queue, vive la presse. En attendant en retrait, je croise Nathalie Lamoureux du « Point », une bonne compagnonne de press tours. Journaliste comme moi, célibataire comme moi, tenancière de blog comme moi. Cours 5 marathons par an, comme moi.
Moi : « T’es venue en journaliste, comme moi ? » Nathalie : « Non, je suis inscrite sur Meetic ! Mon pseudo c’est pommedeterrecosmique, je me connecte tous les jours, c’est top ! »
Mais, et cette tare immonde du célibat, du non trouvage de sa moitié, l?enfer d?être seul, de pouvoir passer dans les petites annonces d?Elie ? Eh bien c?est fini : c’est officiel, les nouveaux célibataires sont fiers et assumés. Ca fait plaisir à voir. En regardant les joyeux Meetic people qui gloussent à l?idée de mater une avant première entre gens qui ont faim, une atmosphère érotique s?installe soudain dans mon être.
Allez, le film, le film, le film.
Pour qui ne connaît pas Bridget Jones, c?est le prototype de personnage pensé pour coller un moment ou un autre à une fraction de votre vie. Véritable patchwork de vécus et de situation, notre Bridget Jones vous parle forcément à un moment ou à un autre. Cette technique qui fait bien penser à celle des horoscopes à cartonné, dans le monde où les aventures d?une Londonienne dodue mais sexy, gaffeuse mais marrante, névrosée mais rassurante vous fait immanquablement dire « ah mais, elle est comme Aurélie qui? ». Bref, du bon boulot – et pas mal de vécu – donné par Hellen Fielding, l’écrivain.
Formule de réaction chimique positive :
(Livre + Livre + livre) x 3 000 000 = Best Seller
Best Seller + Hollywood + Renée Zellweger = Bridget Jones, le film.
CQFD
Assez fidèle et pas trop édulcorée, cette adaptation a bien sûr cartonné et se prendre sa suite en pleine face se réfère à une logique implacable. De bons gags et des morceaux de comédie romantique anglaise (understatement à gogo, comique de situations burlesques pour réaction sobres, course finale larmoyante et réjouissante sous la pluie). Tout cela pour en venir à
The Edge Of Reason
Le problème de Bridget 2004, c’est qu’elle s’éloigne un peu du trip « girl next door ». Ici prise entre son avocat des droits humains et son Hugh Grant devenu star de la télé, 007/Bridget fait du parachute, s’envole en Thaïlande et tombe pour trafic de cocaïne mais ce n’était pas elle, remporte une descente de ski alpin. Je vous rappelle que tout cela est sous-titré « L’âge de raison ». Oui, cela manque cruellement de faux bouts de vécu plus vrais que nature.
Tenez, même ces fameux pipelettages entre amies ne me donne pas l’impression d’espionner une soirée pyjama, cela sent trop le faux, la réplique trop incisive et les actes télécommandés. Bridget Jones et son univers ne peuvent plus être potentiellement le notre, ils semblent par contre sûrement fictifs.
Trop spectaculaire, trop maniéré, beaucoup moins frais, ce Bridget Jones reste toutefois un entertainment honnête à défaut d’être généreux. Bien que les mécanismes des gags sont désormais un peu grillés d’avance (je fais des gaffes au moment crucial, j’aurais pas du ouvrir ma grande gueule gouailleuse devant les amis très respectables de mon homme, je dis des cochonneries sur le haut de parleur du téléphone de mon homme devant ses collègues très respectables), on rit parfois et on sourit beaucoup. Et Hugh Grant est décidemment très bon en irrésistible salopard, on se demande comment un personnage aussi caricatural paraît aussi crédible en même temps. Vive Hugh. Le film est enfin emballé par une Renée Zellweger plus à son aise que Sean Connery dans un James Bond. Si vous aimez quand elle nous fait son sourire gêné avec commissures saturées, alors que les parties externes de ses sourcils s’affaissent sur ses petits yeux porcins, vous allez vous régaler.
Un minimum syndical aurait pu être préservé, mais c’était sans compter sur ce fatal happy end, trop mielleux et meringué : eh oui, Bridget va se marier et en plus elle le veut. Et soudainement, tous les célibataires du monde viennent de se rendre compte que leur meilleure amie, leur idole, leur leader charismatique vient de les trahir avec un coming out matrimonial. Alors que la scène finale fait un plan large sur Bridget et son Darcy chéri remontant les marches de l’église ou ses parents viennent de se remarier, le zoom recule et tous les célibataires de la salle voient leur rêve s’éloigner physiquement, Bridget n’est plus une looseuse sentimentale, mais nous, oui. La métaphore est saisissante. Pour qui voudrait voir dans cet ultra happy end un cri du style « j’y suis arrivée, alors toi aussi, spectateur esseulé », le rocambolesque des aventures de Bridget qui a mené à ce bonheur explique bien au gens que le mariage dont ils rêvent tous, c’est de la fiction.
Stupeur et tremblements.
Générique, les applaudissements d’avant première sont ici timides et la lumière qui se rallume dans la salle semble mettre à nu le célibat désormais honteux des spectateurs qui sortent en procession silencieuse mais pressée. Arrivés au Bains Douches (mmm), on nous remet le kit de la drague qui brûle les étapes : un bracelet pour l’open bar (« je vous offre un verre ? ») et un badge « Single » (« et? vous avez un petit ami ? »). Problème : Yabi, moi et deux gaillards en pull gris/blanc/noir Celio (motif différents tout de même) mis à part, personne ne porte de badge “Single”. Un simple coup d’?il suffit pourtant à griller les incessants balayages des noeils de chacun, ça chasse dur mais tout le monde est tapi dans la savane, écrasés par leur honte du célibat.
Mais où sont donc passés les célibattants, assumés et joyeux ? Ils draguent, à l’ancienne. Alors que la soirée commence à s’emballer (troisième verre + « Somebody Else’s Guy » de Jocelyn Brown) et promet de bonne choses, nous décidons de laisser nos Meetic People faire leur parade amoureuse. Mais on a frôlé le blanc général.
La faute à Bridget.
Des accessoires finalement inutiles ?
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