Je suis frappé d’une malédiction.
Enfin, je suis fautif à la base : Je suis un mec pas ponctuel. Genre, une insulte à la ponctualité.
Mais je possède désormais une excuse, cette malédiction.
Ou alors, c’est le Dieu de la Ponctualité qui, vener de me voir l’insulter jour après jour, m’a jeté un sort.
Car voyez vous, durant des années, j’ai toujours eu le chic pour chopper mes (avions, trains et) métros pile-poil au bon moment.
Genre, je débarque sur le quai et paf, le métro arrive.
Naturel, winner attitude, synchro Parker Lewisienne, Tarzan allant de lianes en lianes, avec grâce et fluidité.
Un pouvoir cependant inutile, puisque je partais et donc arrivais tout de même en retard.
Je me dis “tant pis”, l’important comme dirait Chabert, c’est d’être champion du monde. De quoi ensuite, c’est accessoire.
“Gâchis”, a du se dire le Dieu de la Ponctualité.
Du coup et du jour au lendemain, c’est l’inverse qui s’est passé : Je me suis mis à louper TOUS mes métros.
Du genre j’approche du quai et je croise des gens qui remontent l’escalier en sens inverse, signe que le métro a déjà déchargé son lot d’usagers et vient de partir.
Ou alors je l’entends arriver, je fonce à travers les couloirs, arrive en drift sur le quai, portes encore ouvertes.
Mais elles se ferment au dernier moment et me laissent en sueur, le souffle court et offert au regard moqueur des autres passagers embarqués, qui partent doucement. Ce moment semble toujours très long.
Etrange sensation, c’est comme si mon talent de choppage de métro ne m’avait pas été retiré, mais juste saboté, très légèrement décalé : j’arrivai pile au bon moment, j’arrive désormais un poil trop tard. Ca se joue à pas grand chose, mais ça change tout.
Subtile, cher Dieu de la ponctualité. ET BIEN VIL DE TA PART.
Et puis, il y la cerise sur le gâteau : le délai. Généralement, les métros parisiens passent entre toutes les 2 et 4 minutes.
Mais quand je loupe le mien, ce n’est pas à moitié : on passe allègrement la barre psychologique des 5 minutes, qui te ramènent au temps où tu payais cash quand tu loupais un RER ou un TER.
Et glaçage sur la cerise sur le gateau, troisième couche d’inception, c’est le délai entre ton prochain métro et celui d’après : plus court ! Genre tu attends bien tes 6 minutes, mais après c’est la fête : à peine 2, 3 minutes.
Vous savez, c’est comme faire la queue à l’unique caisse d’un supermarché ou au seul guichet ouvert d’un bureau de poste. C’est interminable.
Et lorsque c’est enfin votre tour, en voilà deux autres qui ouvrent par enchantement et bim, tout le monde derrière vous en profite.
Ca a bien galéré pour vous, jusqu’à vous et ensuite, fiesta. ACHARNEMENT, RAGE !
Du coup, les gens ne veulent plus trop prendre le métro avec moi. Ils ne me croient pas au début, lorsque je leur expose ma malédiction pour expliquer mon retard.
Mais tôt ou tard, ils font un trajet en ma compagnie. Et ils comprennent. Leur douleur.
Aujourd’hui, je voyage seul. On me fuit comme un pestiféré.
Tous les jours, je vois des métros partir à quelques mètres de moi, des portes se fermer devant moi, des voyageurs en contre-sens me confirmer ma shkoumoune.
Et sur les quais, bah j’attends. En cumulé, facilement 20 minutes par jour. Je re-re-relis Eurosport, j’éponge Twitter, je récite Facebook, je “vous avez 0 messages non-lus” à gogo. Et j’ai encore du temps pour faire un point sur ma vie.
Du coup, depuis quelques semaines, j’arrive sur le quai souvent vide (bah oui, les gens viennent de partir), je me dirige vers le panneau d’information et je prends en photo mes meilleurs “chronos” : une attente bien longue + une attente bien plus courte pour les gens d’après.
Ca m’occupe un peu de mon temps de toute manière déjà perdu – et ça me fait des preuves pour mes problèmes de ponctualité.
Au moins, je n’ai plus à mentir pour expliquer mes retards. La Vérité, maigre compensation pour les retardataires maudits.
Bonus :
Maxime nous envoie de bien belles prises
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