La prédictibilité d’un anniversaire et des coutumes qui s’y rattachent – célébration, cadeau – rend aujourd’hui toute tentative de surprise assez vaine.
Chronologie d’une surprise-party:
- Tu ne sais pas encore comment. Elle ne sait pas du tout.
- Tu sais. Elle ne sait pas.
- Les proches savent. Elle s’en doute.
- Elle l’apprend par un proche, tu ne sais pas qu’elle le sait.
- Tu apprends qu’elle sait. Elle ne sait pas que tu sais qu’elle sait.
- Elle se doute que tu sais qu’elle sait.
- Tu te doutes qu’elle se doute que tu sais qu’elle sait.
- Vous savez tout tous les deux, mais faites comme si vous ne saviez rien.
S’en suivent de longues semaines de jeux de faux-semblant jusqu’au jour J où, après avoir tant feint la surprise, vous pouvez enfin tout vous avouer:
“Je savais, en fait.”
“- Beh oui, j’ai su que tu l’avais su !”
“Ah, je me doutais bien que tu avais su que j’avais su!”
“Je m’en doutais aussi.”
Tout le monde ri, même l’inévitable proche qui a balancé la surprise dans un moment d’inattention – nous avons un/e spécialiste dans nos cercles. Cela reste bon enfant.
Mais je porte vraiment une affection particulière pour les surprises et je me demande souvent s’il est encore possible d’en produire une VRAI pour un anniversaire.
Un événement ou un cadeau qui prend complètement l’intéressé/e à revers. Après avoir retourné le problème dans tous les sens, j’ai trouvé une solution: ne rien faire.
Le sujet s’attend forcément à des amis cachés derrière le canapé ou dans un restaurant, à un petit paquet posé sur son oreiller, à un billet d’avion agité sous son nez le vendredi soir en sortie de boulot. N’importe quoi, quelque chose.
Ne RIEN faire du tout serait donc l’ultime surprise que nous pouvons encore offrir à quelqu’un. Un suspense long qui mène à une chute totale:
“Ah, je pensais qu’il y aurait quand même eu quelque chose…”
“- Eh ben non ! Surpriiiiise !”
“- Je n’aurai jamais imaginé ça…”
“- Je sais, je voulais surtout que tu ne saches rien de la surprise.”
“- Je ne savais rien, non. Mais je ne veux plus rien savoir de toi non plus.”
“- …”
Léger revers à la médaille, donc: je viens également de découvrir la surprise d’anniversaire la plus triste du monde. On va peut-être en rester aux jeux de faux-semblant, hein?
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