Il faut qu’on parle de Making A Murderer.
Vraiment.
Oui je sais, tout le monde parle de Making A Murderer, je suis moi-m?me en train d’?crire ? propos de ce documentaire-ph?nom?ne tout en lisant 12 articles et contre-articles sur ce documentaire-ph?nom?ne.
Si vous n’avez pas vu?Making A Murderer, regardez-le, je vous attends, ? tout de suite dans 10 heures.
C’est fait ?
Bon, allez vous moucher, allez donnez un coup de poing dans votre mur (non porteur), hurlez (hurlez encore un peu) et maintenant, on en parle.
[ZONE SPOILERS : OUVERTE]
Evidemment, nous sommes tous frapp?s, estomaqu?s par le syst?me judiciaire que nous d?peignent les r?alisatrices du doc, comme une suite ? gros moyens d’Un Coupable Id?al. Un tableau d’autant plus sombre dans cette?p?riode o? les bavures de la justice et la police am?ricaines sont largement mises ? jour.
Ensuite, vient la phase de survie mentale. On se demande en effet souvent jusqu’? quel point le parti pris a d?form? la vision globale des affaires. On le fait par discipline morale, mais aussi par protection mentale : s’imaginer que tout cela est la v?rit?, toute la v?rit?, rien que la v?rit? peut rendre fou.
On reste enfin entre deux ?tats au sortir des 10 ?pisodes: Tout le monde soutient actuellement les familles Avery et Dassey, tout le monde veut enfoncer les scooters du Canal Saint Martin dans le fondement de Ken Kratz bref, nous sommes tous sous le coup de l’?motion. Et ensuite ?
Apr?s les posts, les p?titions, les dons peut-?tre, qu’allons-nous faire ??Making A Murderer est un document choc, mais il reste aussi un “divertissement”?Netflix (qui confirme d’ailleurs son statut de meilleur producteur/diffuseur du monde actuel). Bien mieux que la s?rie suivie avant, peut-?tre moins bon que le prochain divertissement.
Je n’arrive pas ? consid?rer Making A Murderer comme une simple source de binge watching, aussi marquante soit-elle, avant de passer au prochain ph?nom?ne On Demand. J’esp?re que la vague de r?actions actuelle ne se retirera pas comme un mar?e descendante de nos ?motions, trop habitu?es ? s’?mouvoir d’un fait, pour ensuite le recouvrir par un autre. Ils arrivent si vite les uns apr?s les autres dans notre ?poque boulimique de faits.
Cette acc?l?ration de nos cycles “? fond / sur autre chose” me donne finalement le plus effrayant des vertige. Quand j’imagine la notion du temps pour un homme comme Steven Avery, mais aussi pour la famille de la victime (avoue que tu doutes un peu le frangin, sinon t’es d’une mauvaise foi frisant le suspect hein, hein, hein, ok je m’emporte), je r?alise que 10?heures de choc v?cues?par des millions de personnes dans leur salon ne?p?sent?qu’un cheveu face aux?ann?es de ces personnes dans leur vraie vie.
C’est une pens?e futile, qui tourne en rond et m?ne ? rien comme beaucoup d’autres, mais qui m’obs?de et me laisse sans voix, comme depuis le d?but de ce documentaire. Il faut donc qu’on en parle. M?me si ce n’est pour rien dire, on n’oubliera pas. Tout de suite.
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