Vous savez ce que c’est que de se sentir vivant ? C’est un prot?ge-dent qui frotte pendant une heure sur deux aphtes, aphtes cr?es par ce m?me prot?ge-dents quelques jours auparavant. Vous voyez, ces frottements l’int?rieur de la bouche, ? force de te prendre des pains dans la face…
Plus s?rieusement, j’ai repris la boxe il y a quelques semaines. Y retourner me procure des sensations fortes et brutales et ce, avant m?me de me retrouver sur un bout de ring.
Apr?s ma grosse maladie, je me suis remis au sport, beaucoup. Pour contr?ler mon c?ur encore d?faillant, j’ai d? opter pour des activit?s fractionn?es, mall?ables ? l’envie dans l’effort et dans l’intensit?. De la natation et du fitness, en gros. Cela m’a fait beaucoup de bien, mais sans me satisfaire enti?rement. Car je faisais plus de l’exercice que je pratiquais du sport.
Sans rentrer plus dans le d?bat, je fais une diff?rence entre? “Sport” et “Exercice”. Le premier induit de la strat?gie, une opposition etc. quand le second se concentre sur l’ex?cution physique. On peut ?videmment pratiquer la natation comme un sport, mais j’en reste ? l’exercice, de m?me pour les ensembles d’activit?s de type musculation / fitness / Crossfit et assimil?s. Non, ce qui m’a tant manqu?, c’est l’adr?naline.
J’aime la douleur li?e ? la violence, je vous l’avais d?j? dit. Je l’aime au sens o? elle m’emm?ne dans des recoins mentaux et physiques uniques (allez-y, sortez maintenant vos blagues 50 Shades of Grey). Retour sur le ring, des ann?es plus tard. Je ne sais plus rien faire. Je n’ai plus de puissance, de rapidit?, de technique et surtout, plus de d?fense.
Comme ? mes d?but, chaque coup me fait paniquer, je ferme l??il une demie seconde (de trop), de me r?fugie entre mes gants, je serre les dents et j’accepte le ch?timent. Mes coups ne touchent plus car en fait, mon corps recule d?j? inconsciemment, de peur du contre. Tous mes acquis de base sur la boxe, perdus.
Les premi?res semaines ont donc fortement ressembl? ? des cur?es o? mes adversaires, qu’ils soient plus forts, plus petits, plus maigres, plus lents que moi, me ma?trisaient, quand ils ne me “massaient” pas pendant une heure. Un second bizutage, vraiment douloureux et d?courageant.
Cette frustration engendre de la peur, mais la mauvaise, et j’avoue donc me rendre ? la boxe comme on monte lentement, avant d’attaquer la premi?re grande descente d’une montagne russe. Petit ? petit, la bonne peur, celle li?e ? l’adr?naline, revient.
Heureusement, la pratique a fait revenir les fondamentaux ces derniers temps, mais je boxe encore comme un petit contre des plus petits que moi, je temporise encore contre des adversaires ? bout de souffle, j’encaisse encore quand je pourrais esquiver, je m’arr?te quand il faudrait encha?ner, je r?fl?chis lorsque mes gestes devraient ?tre automatis?s. Mais je recommence ? toucher, ? comprendre, ? mener.
Avant : la peur, l’adr?naline
Pendant : l’adr?naline, la douleur
Apr?s : la douleur, le bonheur
Ce cycle, aucun sport ou aucun exercice ne peut me le fournir ? un tel degr?. Vous devriez essayer, un jour : Vous aurez des aphtes et vous en sourirez (et ?a fera encore plus mal).
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