Ressorti de “Mad Max : Fury Road”, une excellente série B et surtout, le film de pirates que j’attendais depuis longtemps. Post-apocalyptique, tu veux dire ? Non non, film de pirates.
Pas convaincus ? Lisez plutôt (spoilers inside) :
Pensez déjà au terrain de jeu.
Le désert est un océan et Mad Max est filmé comme tel : la poussière éclabousse tout comme de l’écume, des tempêtes (de sable) emportent tout sur leur passage. On passe des détroits, on cherche des terres promises par delà les horizons… Même après un crash, Max se réveille à demi enterré dans le sable, comme un naufragé dérivant sur une planche de bois.
Les engins, ensuite.
Véritables navires, les engins sont également l’unité de lieu de Mad Max. On se jauge à la boussole et la longue vue, on s’attaque par les flancs, on harponne l’adversaire, on jette des ancres, les moteurs vivent les mêmes drames que les voiles (ça brûle, on répare, on repart). Le rapport au matériaux se révèle tout aussi viscéral, ta tolle froissée et le chrome répondant aux canoniques grincements du bois des coques et des mats.
Les personnages, enfin.
Sûrement la partie la plus jouissive de cette métaphore, tous les personnages vivent et se déplacent naturellement à bord de leurs navires en mouvement. Que ce soient des abordages, des réparations de fortune, comme des moments de vie. Le symbole le plus fort reste cette séquence où Max se retrouve attaché à l’avant d’un des engins, reprenant la pose d’une figure de proue.
On peut enfin ajouter tout le folklore de la piraterie, rempli de crasse, de muscles, d’estropiés (Charlize, quelle capitaine Crochet !), de cruauté, de clans, mais aussi de baroque, de croyances, de symboliques, et de flamboyance.
La seule différence entre Mad Max et un film de pirate traditionnel restera finalement son versant féministe assez génial.
Il y a bien des demoiselles en détresse, mais elles n’attendent pas sagement l’aide d’un mâle. On ne les glorifie pas plus qu’on ne les victimise. Miller offre ici un gigantesque espace d’expression à Charlize Theron et ses alliées, qui peuvent enfin développer un jeu qui n’a pas à les rendre castratrices, ou dépendantes.
Le fait de laisser le principal pivot et moteur de l’histoire à Furiosa et de faire de Max, aussi taiseux que précieux, son second de navire donne une réelle consistance à cet opus et une générosité que son titre ne laissait pas présager.
C’est Furiosa qui sonne la révolte, c’est Furiosa qui arrache le big boss, c’est Furiosa qui règnera. La scène clef : celle du sniper, ou Max lui sert de support.
Bon et sinon, à part cela ? Très bon film. Les années 80 dans leur meilleur jus : nuit américaine, zooms pleine face, méchant réminiscent (plus le “clin d’oeil” des yeux exorbités) et surtout, de la vraie cascade qui coupe le souffle ! Du coup, chaque bout d’image de synthèse dénotait vraiment.
Vous l’aurez compris, je suis heureux de voir le film de pirate de retour. Si en plus il lorgne sur le post-apo, sabrons la bouteille de rhum !
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