Her est un grand, un tr?s grand film d?anticipation.
Her est une belle, une tr?s belle histoire d?amour.
Her est un gracieux, un tr?s gracieux m?lange de ces deux genres, qui parvient surtout ? les transcender, en ?vitant tous les poncifs attendus.
Le film est doux et intime. Comme beaucoup de films d?anticipation, il t?moigne d?un moment crucial dans l?histoire d?une civilisation. Mais ? l?inverse de tous les films d?anticipation, il se tient ? son point de vue intimiste et v?hicule ?norm?ment ? travers si peu de personnages, de situations.
Comme peu de films sentimentaux, Her parvient ? ne jamais prendre parti, pas plus qu?il ne juge. Le tout, avec un naturel d?sarmant.
Les trois mouvements de l?histoire (la rencontre, Samantha veut atteindre Theodore, ils se trouvent, Samantha d?passe Theodore) portent chacun en eux un ?ventail complet d??motions qui leur sont propres, ou se r?pondant en fil rouge ? travers les uns et les autres. Un chef d?oeuvre de tissage.
Sa D.A, retro-futuriste, se montre juste assez intemporelle pour accompagner l?identification, la prospective et la cr?dibilit? d?un futur proche. La direction photo, qui frise parfois avec l?esth?tique pub (peu de contraste, couleurs nombreuses et d?satur?es), offre le parfait contre-champ ? l?intrigue : un monde un peu trop artificiel pour une intelligence un peu trop humaine.
Autre d?tail saisissant : les lumi?res, chaudes et naturelles, combin?es avec la palette de couleurs chaude, font compl?tement sortir Her de la traditionnelle esth?tique froide, pr?cise et contrast?e des films de science fiction. La technologie est au coeur de l?intrigue, mais dispara?t presque toujours de l?image.
Her pose enfin et bien s?r sa r?flexion passionnante sur l?Intelligence artificielle et la perte de souverainet? de l?Homme en haut de l??chelle de l??volution. Entre post-humanisme et informatique, on sent que l?humanit? en tant qu?entit? ne pourra plus ?voluer assez vite et que la prochaine ?tape sera exo-humaine : extra-terrestre ou artificielle.
Etre forc?ment perfectible, voir cass? par sa conscience, l’Homme invente un compagnon sans d?faut pour venir combler ces failles. Et c’est cette cr?ation qui d?couvrira l’Amour absolu, celui que les hommes, dans leur ?tat actuel, ne peuvent conna?tre.
Assister ? ce passage de relai entre les deux h?ros de Her, entre l’homme et la machine, le tout entre douleur et compassion, f?t l?un des moments les plus forts que j?ai pu vivre au cin?ma. La m?taphore du livre qui s’?tire est magnifique de tristesse et de justesse. La logique derri?re “plus j’aime d’hommes, plus je t’aime” est g?niale, car au del? de notre capacit? d’acceptation, mais ? la limite de notre capacit? de compr?hension.
Les acteurs enfin, soutiennent avec un coeur fou ce projet. Joaquin Phoenix d?borde d?humanit? dans son jeu d?homme qui n?arrive pas ? se laisser d?border. Scarlett Johansson ?clabousse elle de sa voix trop charnelle cet OS trop (post) humain. Certainement sa meilleure performance depuis Lost In Translation. Chaque plan rapproch? de Theodore seul laisse cette impression que Samantha est lov?e en lui. Si on m’avait dit qu’une absence ? l’?cran se r?v?lerait aussi charnelle…
On pourra toujours trouver des d?fauts ? Her, qu?ils soient profonds ou superficiels. Mais le film vous laisse dans un tel tourbillon d??motions et de r?flexion, que vous resterez l?, le regard dans le vide, ? imaginer cette voix parler ? votre condition d?humain.
Her est un chef d’oeuvre qui regarde avec objectivit? et attention l??volution de cette histoire d’amour, tout comme l?Evolution de l?Histoire de l’homme.
Pingback: Whatever Works » Blog Archive Links I Love #6()
Pingback: Lâm, un mec qui tient un blog de fille. » Archive du blog » Hack it – Steal it – Leak it, Slut-Shame it()
Pingback: Transhumanisme dans Philosophie Magazine | / hic & nunc / nfkb's blog /()