Ma grand-mère est morte et la seule personne pour qui je pleure, c’est mon père.
Parce que les histoires de famille sont celles qui peuvent déchirer ou séparer.
Parce que devenir adulte, ce n’est pas juste tuer le père, c’est aussi vouloir le protéger.
Je suis une personne qui a construit ses relations et ses constructions familiales de manière très méthodique, raisonnée, pragmatique. Parce que le sac de noeud qu’est une famille – amour, chair, raison, morale – m’a toujours effrayé. Une famille est une entité si forte dans son symbole et si chaotique dans ses empilements de faits, de liens, de névroses, de pathos, de souvenirs, que je l’ai toujours repoussée du bras, pour pouvoir garder un recul, une maîtrise. Sinon, je m’y noie.
Je suis très fort et très froid envers ma famille proche et ma famille étendue. Ma famille étendue, j’ai grandi sans depuis des années. Ma famille proche, je l’aime sincèrement car je l’ai dépiautée, analysée. Je veux aimer mes proches par raison et non par tradition. J’espère qu’un jour, mes parents, mes frères et soeurs, mes enfants ne m’en voudront pas. Et que nous nous parlerons encore.
En attendant l’enterrement, je pense fort à mes oncles, ma tante. Mon père. Je pense à leurs reflexions, leurs regrets, leurs douleurs, leurs trop plein de choses à dire. Je pense que la famille n’est pas notre premier cercle social, notre valeur refuge, notre ciment de base : La famille est une entité viscérale et incontrôlable, qui ne vous propose qu’un choix simple et non négociable : l’aimer ou la quitter.
Ce soir, je pense à ma famille, ses membres, leur choix.
Et j’embrasse mon père et sa défunte mère.
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