Hier soir, elle est enfin rentr?e apr?s 3 semaines d’absence. Nous avons discut?, savoir ce qu’il en ?tait de notre couple, celui qui est en crise.
Vous savez, malgr? l’envie, je ne vous ai que peu parl? de mon couple ici, pour plein de raisons. Pour elle, par exemple. Mais je trouve l’histoire vraiment jolie et je crois que c’est le moment, alors je me lance.
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Ma ch?rie s’appelle Justine et je l’ai rencontr?e… En 1995 en fait. Nous ?tions au m?me lyc?e Guillaume Bud? de Limeil Br?vannes, Val de Marne. Elle d?barquait en seconde, j’?tais en premi?re. Nous ?tions tout un groupe ? jouer au volley pour les sections du club du lyc?e. Je ne l’avais jamais remarqu?e. Un jour, mon pote Gr?gory Olczyk vient me voir :
“Tu vois les deux filles l?-bas ?”
“- Oui et ?”
“- Tu en penses quoi de celle qui est ch?tain ?”
“- Je sais pas, pourquoi ?”
“- Parce que sa copine me dit qu’elle m’aime bien, je ne sais pas trop moi.”
Non, elle n’avait pas flash? sur moi. Au lyc?e, c’est Greg qui les attirait toutes. J’ai ?t? voir la fille de plus pr?s. Hey, elle est du volley. Elle avait un visage doux, mais singulier. Bon, ok, je suis rentr? chez moi.
Je n’ai pas dormi de la nuit. Elle avait un truc dingue. Le lendemain :
“Greg, il faut que tu sortes avec elle, elle d?chire, je le sens, elle d?chire. Si tu le fais pas, je lui demanderai direct.”
Il ne s’est jamais d?cid? et moi, je n’ai pas boug?. Nous avons jou? au volley durant de longs mois, avant que je n’apprenne qu’elle avait finalement le b?guin pour moi et ce, depuis quelques temps. Ce f?t la plus grande joie de ma vie, ? ce moment de ma vie.
Nous sommes sorti ensemble durant 5 courtes semaines, qui m’ont paru des mois de bonheur. J’?tais heureux et ?panoui. Et puis, elle est partie en voyage scolaire en Italie. Devant le peu de nouvelles, j’ai dit ? ma famille “je le sens pas“, je m’en rappelle encore, elle est revenue et j’ai su qu’elle ne m’aimait plus. Un beau terminal lui avait un peu tap? dans l’oeil, sans plus. Mais c’?tait juste assez pour qu’elle se rende compte qu’elle n’?tait pas si attach?e que cela. J’?tais fou amoureux d’elle. Nous nous sommes s?par?s dans le salon de Greg, pendant que tout le monde s’amusait dans le jardin.
Le premier grand Amour, coupl? au premier grand chagrin d’Amour, ?a fait mal. J’ai eu mal, ?a m’a traumatis?, j’ai mis des ann?es ? m’en remettre, j’ai humili? des filles ? cause de ?a (je le comprends, maintenant), je me suis construit par rapport ? ?a. Je ne l’ai jamais vraiment oubli?. Parce que dans mon monde d’ados assez comp?titifs, avec le l’?go et de la s?duction, elle se tenait juste hors des choses, des pressions. Elle ?tait extraordinaire au sens propre du terme.
Nous nous sommes revus une fois, une nuit ? discuter, avant qu’elle ne re-disparaisse pour de bon.
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Le temps a pass?, j’ai connu une vie sentimentale, amoureuse, de belles choses se sont pass?es, des gal?res aussi, comme tout le monde. Certaines ont compt?. L’une d’entre elles, particuli?rement : El? est la grande soeur de la meilleure amie de Justine. Oui, le monde est un peu trop petit. Nous ?tions attir?s, puis proches sur plein de points, mais cela n’a jamais march? entre nous, d’un point de vue couple. Mais j’ai compris qu’il existait d’autres personnes, d’autres possibles dans la vie.
Et puis, histoire de rendre les choses encore plus rigolotes, elle et sa soeur restaient persuad?es que Justine et moi reviendrions ensemble, t?t ou tard. Leur petit lobbying familial est devenu un running gag au fil des ann?es.
Avant de devenir un pi?ge. Un soir d’?t? 2008, El?, m’emm?ne en voiture ? une soir?e Poker chez elle. En chemin : “Bon, L?m, ce n’?tait vraiiiiment pas calcul?, mais Justine est l?.” Elle m’a sorti un sourire de sale gamin tout en acc?l?rant, pendant que je martelais la vitre pour sortir. Et la soir?e s’est bien pass?e, juste bien. Les choses ?taient apais?es.
Comme par hasard, Justine m’a sorti sur un bad beat et nous avons ri. El? : “Oh bah ya plus de m?tro, Ju, tu peux raccompagner L?m en voiture ?” *sourire de sale gosse*. Nope. Je suis rentr? par le premier RER et dans le wagon doucement ensoleill?, j’?tais heureux : je ne ressentais plus rien pour elle. Nous avions suivi un chemin diff?rent, 13 ans de vies propres, rien en commun. Et la fin de cette entit? en moi, compos?e de fantasmes et de traumatismes.
J’?tais serein, lorsque nous nous sommes promis de prendre un caf?, en potes. C’est arriv?, quelques semaines plus tard. C’?tait ? la terrasse du Bidule, m?tro Faidherbe Chaligny. J’habitais la rue d’? c?t?, elle couvrait une manif’ qui se terminait ? Nation. Ce caf?, il ne s’est arr?t? que le lendemain. Une nuit encore ? discuter, juste ? discuter. Un r?veil un peu g?n? mais tendre. Elle sortait d’une grosse relation, j’?tais en mode c?libataire. Mais nous retombions l’un pour l’autre.
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Et nous avons craqu?. Nous nous sommes finalement remis ensemble ? l’Automne 2009. Mais nous avions peur, si ind?pendants, si d?sireux de ne pas assumer “la jolie histoire” qu’on allait nous observer. Les d?buts ont ?t? difficiles dans ma t?te. J’avais l’impression d’avoir consomm? et g?ch? quelque chose qui aurait d? rester de l’ordre du fantasme. Mais cela a rendu notre couple beaucoup plus fort que je ne l’aurais pens?, car tout n’est all? qu’en montant lentement.
Nous nous sommes apprivois?s petit ? petit, pour vraiment appr?cier et assumer toute avanc?e : partir en road trip, revoir les parents de chacun, faire des mariages, am?nager ensemble. Et le plus fou pour moi : voir devant, ne pas penser ? la fin, fermer les yeux, ne penser ? rien d’autre qu’? en jouir. Des ann?es merveilleuses, magnifiques et riches, j’en pleure devant mon ?cran. Et comme tous les couples qui durent, vient le temps, le quotidien, les d?fauts, les hauts et les bas.
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Un bas est arriv?. Un dur, sournois, qui l’a prise sans dire mot ? la fin de l’ann?e derni?re. Elle s’est pos? des questions sur nous, sur moi, sur notre ?volution encore possible, sur mes d?fauts, mon style, le sien. Justine a ?t? ?lev?e dans un clan de femmes fortes, f?ministes, fusionnelles, comme une amazone. Elle en tire une force parfois effrayante et blessante. Un visage si doux et un caract?re si dur. Elle est partie en Inde en D?cembre, est revenue un peu absente et ce n’?tait pas le syndr?me classique.
A partir de l?, ces 4 derniers mois ont ?t? une ?preuve injuste, insurmontable. Je la voyais pr?s de moi, je la sentais loin. Je ne savais plus quoi faire face ? son ?loignement. J’ai multipli? les attentions, les ai totalement supprim?es, je lui ai laiss? du temps, j’ai voulu ?tre l?, pr?t.
“Je ne sais plus si je t’aime“, me dit-elle calmement. Blam. Blam. Mon coeur a ?t? broy?. Nous sommes en Mars. Je ne supporte pas la chose, la maladie de Basedow se d?clare. Nous avions projet? de partir ensemble couvrir le festival Coachella, car elle trouve que nous fonctionnons tellement bien en voyage, hors de notre territoire, lorsque je l?che enfin mes ?crans, le net, les autres. Les accr?ditations n’ont pas ?t? accord?es. Alors elle est partie 3 longues semaines en Scandinavie avec sa soeur. Elle me disait qu’elle avait besoin de faire le vide, d’?tre seule pour?r?fl?chir. Moi j’avais besoin d’elle, de savoir, de me remettre, de savoir, de savoir. Je le sentais pas.
J’ai regard? mon plafond en pleurant le matin et le soir chaque jour de la premi?re semaine. Mon traitement hormonal + ma sensibilit? = Bridget Jones. J’ai ?crit ce billet, une nuit o? c’?tait insupportable. On s’est disput?s par mail pour ?a. J’ai achet? un billet d’avion pour Bali sur un coup de t?te. Mais mon cardiologue m’a dit non. J’allais au bureau ? reculons. J’ai re?u des soutiens tellement forts. J’ai attendu qu’elle revienne, parce que par mail, elle m’a dit qu’elle avait pris la d?cision dans sa t?te. Et qu’elle revient rarement sur ses d?cisions. Je rentrai ? la maison ? reculons.
Elle est rentr?e hier. Alors ? Pour repartir. Elle ne m’aime plus. Elle est d?sol?e pour moi. Elle pr?pare d?j? son d?part, o? elle va dormir, si nous devons garder contact, elle me laisse toutes nos choses en commun. Elle aime bien faire un tri, une purge d?s qu’elle part. Tout va si vite.
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Je me suis pr?par?, endurci. Les deux semaines pr?c?dentes, je me suis habitu? ? cet appartement silencieux, ? moins parler, ? bruncher seul. J’ai voulu sortir un peu plus. Je suis parti en week end improvis? avec des potes. J’ai fait une soir?e trop alcoolis? avec mes potes d’enfance, j’ai turbin? du cerveau, la col?re, la passion. Et du coup, je lui ai demand? de parler, d’annoncer. J’allais encaisser.
Elle m’a tu?, avec ses mots d?finitifs, pens?s, justes. J’ai vu dans son regard le regard de la jeune fille de 15 ans qui m’avait bris? le coeur il y a 17 ans. Aucune envie de faire du mal, m?me si c’est le cas. Une s?r?nit? dans la d?cision, pas de discussion, d’essai, de n?gociation possible. Elle avance droit, sans ralentir. J’avais tout blind?, mais tout s’est ?croul?. Hier j’ai tellement pleur?, ? en avoir des spasmes. Tout est fini. Elle ne dormira pas chez nous ce soir. Je l’ai attendu tellement longtemps, et j’ai l’impression que je n’ai m?me pas le temps ou l’occasion d’enterrer notre couple proprement. Faire “nos” choses une derni?re fois, bien, parce que les autres fois, je ne savais pas que c’?taient les derni?res fois.
Regarder une derni?re fois “Human Planet” ensemble. Faire et manger un?g?teau?au yaourt une derni?re fois, comparer les ramens et les gyozas, une derni?re fois chez Higuma, une derni?re fois chez Hokkaido. D?barquer un dernier Dimanche apr?s-midi au Barber Shop charg?s de mangas et comics, repartir ensemble loin pour l’ultime road trip photo, se dire “au revoir, c’?tait g?nial”, refaire une fois encore l’amour, se faire un signe ? travers les carreaux en verre donnant de la douche ? la chambre, ?tendre une derni?re fois ces machines de linge qui prennent la moiti? du salon, te sentir passer par-dessus moi endormi dans le lit le matin en allant prendre ta douche, une derni?re fois, te regarder endormie une derni?re fois sur notre canap?, pr?parer un dernier d?guisement duo pour les soir?es de Ben & Mel, culpabiliser une derni?re fois de te voir plus active que moi, entendre une derni?re fois ce toaster qui annonce tes tartines beurre miel, te caresser les pieds, t’engueuler gratuitement une premi?re et une derni?re fois.
Comment ?a, ce n’est pas possible, ?a ne sert ? rien ? Mais je m’accroche ? quoi alors ? A rien ? On est grands, on sait qu’il faut oublier ? Je sais qu’il faut oublier, mais l? je peux pas. J’ai tout perdu au moment o? on me l’a dit, j’?tais pas pr?t, je peux m?me pas faire le deuil de mon couple qu’elle en est partie, voil?. Elle a v?cu la crise de notre couple et l’a r?solue seule, dans sa t?te. Moi, je n’ai eu aucune chance d’intervenir, de tenter.
Et moi, j’ai l’impression de n’avoir servi ? rien, ? part l’avoir couverte de tendresse du coup mal plac?e. J’ai l’impression d’?tre un gros con de mec qui est trop, mais pas assez, qui aurait d? voir les signes qu’il n’a pas vu, qui avait tous ces d?fauts pas importants, mais finalement si, qui se retrouve passif et ben?t, incapable de sauver son couple ? la premi?re crise, parce qu’on lui raconte d?j? le d?nouement de quelque chose qui s’est pass? sous le nez de son confort de mec de couple.
Mais pour un ben?t, j’ai accessoirement la sensation d’?tre une jeune fille qui tombe en cloque quand son mec la quitte : Histoire de pousser le symbole jusqu’? l’absurde, je vais porter durant des mois la maladie de Basedow d?clench?e par le stress de mon couple. Oui, une maladie d’Amour au sens propre du terme. Achievement, l?.
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Et puis ce soir, elle m’attendait ? la maison. On devait se croiser pour que je ne rentre pas dans un appartement vide et vid?, juste pour la voir un peu. Je sais, c’est path?tique, mais je m’accrochais ? ?a, m?me ?a. Quelques minutes avec elle. Et puis, elle m’a regard?, et m’a avou?.
Elle a rencontr? quelqu’un. En Inde. Qui l’a s?duite et donc ?clair? en elle tout ce qui n’allait plus chez nous. Elle s’est pos? la question, n’a pas su me le dire. Je lui avais demand? hier, elle n’a pas eu les couilles de le dire et ce soir, elle veut le faire. Je lui fait tout d?baller.
“Ces 3 semaines en Scandinavie, tu es all?e le voir ? Et il s’est pass? quelque chose ? Et ?a t’a confirm? tes doutes ?”
“- Oui. Oui. Oui.”
Lorsque les choses sont devenues s?rieuses entre nous, nous nous sommes promis d’arr?ter si on ne s’aimait plus vraiment. Et je lui ai affirm? que l’infid?lit? ?tait une notion que je pourrais g?rer. Personne n’est 100% fid?le (je compte dans la t?te), je n’ai pas toujours ?t? fid?le. L?, je g?re. M?me si je sais que les prochaines semaines seront celles de la col?re, de ces 4 mois en enfer bas?s sur un mensonge qui vont me revenir en plein tronche, pr?sentement, je g?re. Parce les choses n’ont pas chang?. Comment peut-on en vouloir ? quelqu’un qui tombe amoureux ? On ne contr?le pas ses sentiments, c’est triste, mais pas coupable.
Je ne lui en veux pas pour ?a, m?me si cela m’arrache le cerveau de l’imaginer avec un autre. Je lui en veux d’avoir ?t? petite, elle si droite et forte et pleine de valeurs dans notre couple. D’avoir fui son couple qui se d?litait et son mec qui s’effondrait. D’avoir su que son mec allait se torturer la t?te et se culpabiliser pour les mauvaises raisons. De le voir aujourd’hui malingre et faible et qui se d?teste.
Et si elle en aime un autre, c’est que je n’ai pas ?t? assez fort pour qu’elle s’en foute.
Je ne lui en veux pas vraiment, parce qu’on ne commande pas les sentiments des gens et que, malgr? sa duret? et sa l?chet?, elle est sinc?rement d?sol?e de me rendre triste, je vois son visage, ses gestes. Encore. M?me si notre relation n’avait absolument rien ? voir avec celle de notre adolescence, le sentiment de revivre la m?me chose qu’il y a 17 ans et de ne pas avancer d’un iota dans ma vie est si ?norme qu’il est in?vitable, en pleine poire.
Elle, elle avance dans sa vie. Elle a chang?, elle s’est ?panouie, elle est encore plus belle qu’il y a 17 ans, qu’il y a bient?t 4 ans. Son visage est magnifique. Elle ?volue et ce couple n’a ?t? qu’une ?tape, c’est comme ?a. On a beau me dire “oublie, avance maintenant”, c’est impossible. Je ne vois qu’elle partout, mes yeux en foutent partout, je vois la partir, sans haine, triste pour moi, mais enfin sereine avec elle-m?me. J’appartiens d?j? tellement ? son pass?, la violence d’?tre balay? doucement sur le chemin.
Il y a 3 ans, nous sommes partis ensemble pour notre premier road trip dans l’Ouest am?ricain, celui qui a vraiment lanc? notre couple. J’en ai ramen? une s?rie de photos dont certains d’entre vous se rappellent. Elle s’appelle “The Trail“.
Ce matin, seul dans le salon, je l’ai repass?e sur la t?l?, en grand. Et j’ai compris et j’ai ?clat? en sanglot : Aujourd’hui, cette s?rie ?claire tout. Aussi fort que je m’acharne, que j’essaye, ? 16 ou 30 ans, “Justine & L?m” n’est pas un couple qui peut durer, il souffrera t?t ou tard d’un d?calage :
Ce sera toujours elle, qui avance. Et derri?re, moi.
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