Lorsque j’étais petit, je vouais une grande passion aux ballons plastiques gonflés à l’hélium. Ca m’a brutalement passé un soir, en rentrant d’un mariage.
Je passais par cet instant toujours très pénible où comme tout gamin, tu as couru partout et mince, il est 1h00 du matin et tu t’es endormi dans la voiture et par instinct, tu ouvres les yeux juste avant d’arriver mais comme tu es couché sur la banquette arrière, tu ne vois que des lampadaires défiler à travers les vitres et ne sens que des virages qui n’ont pas de logique. Et te voici perdu, à moitié conscient.
Et puis, la voiture s’arrête, tes parents te sortent délicatement pour ne pas trop te réveiller, tu marche les yeux fermés, accroché à ta grande soeur, tu veux juste rentrer dans ton lit. Ce soir là, j’avais gagné un beau ballon rouge, genre alu brillant. Et tellement plein d’hélium que je pouvais presque laisser mon bras flotter à l’horizontale.
On m’avait attaché le fil de papier cadeau autour du poignet pour ne pas que le ballon s’échappe et aille se coller au plafond de la salle des fêtes. Noeud qui a dû se défaire durant mon sommeil. Je ne l’ai pas senti se défaire mais doucement, mon bras est devenu plus lourd et j’ai ouvert les yeux.
Je ne sais pas pourquoi, mais la vision de mon ballon rouge s’envolant sans fin dans la nuit, jusque dépasser mon immeuble de Maison-Alfort, celui qui représentait pour moi le maximum de la notion de hauteur, la fatigue, la déception, je me écroulé et je crois que j’ai rarement autant pleuré. Un truc vraiment plein de douleur et de tristesse, un peu comme cette fille que j’ai vu éclater en sanglots dans une soirée, tout ça parce qu’elle avait perdu son rouge à lèvre et qu’elle était complètement bourrée.
La douleur de la perte fût quelque chose, mais j’ai ensuite vécu une période bien pénible ou j’ai pensé sans arrêt à l’endroit où mon ballon aurait pu se poser. Pour me rassurer (et me calmer) mes parents et ma soeur m’avaient appris qu’à un certain moment, les ballons arrêtaient de monter et redescendaient et que peut-être un jour, on le retrouverait (ils sont trop mignons, mes parents et ma soeur).
Sans rire, j’ai bien regardé pendant 2 ans tous les arbres que je croisais en voiture, voir si un reflet rouge brillant et dégonflé ne m’attendait pas, tout en simulant le plus logiquement possible les endroits où il aurait pu atterrir. Ptet carrément en Afrique. Vingt-sept ans plus tard, les moments de Up qui me sont le plus désagréables sont chaque ballons qui crèvent durant le film.
Et je suis toujours un peu amer de voir partir un enfant avec ces ballons. “Attention petit enfant des années 2000, une grande douleur te guette, sers bien le noeud autour de ton poignet et ne baisse pas ta vigilance“.
Le seul truc qui me retient de les avertir, c’est de passer pour un fou, le mec flippant de bonnes intentions, bonne intentions complètement hors de propos, qui fait peur et pleurer les enfants en voulant leur éviter ce qu’il a vécu. Et qui n’apprends pas : je m’endors encore inévitablement en voiture.
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