Ma quête du moment, ce n’est pas de terminer Bayonetta avec autre chose que d’insultants trophées en pierre, mais de dormir, dormir au sens 23h00-8h00 du terme.
A ma sauce, cela donne plutôt 3h00-9h00, le pallier ambitieux que je me suis donné. Parce qu’évidemment, Elle vit à un rythme beaucoup plus “normal” que le mien et que je me suis lassé de la rejoindre au lit, j’aime me coucher avec elle. J’aime aussi sentir ses câlins le matin juste avant qu’elle ne parte au travail, quand je me couche trop tard, je ne me rappelle de rien.
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“Encore une petite heure et c’est bon”
Ce n’est pourtant pas facile. Lorsque j’éteins d’un coup mon PC, Firefox me demande si je veux sauvegarder les 16 onglets encore ouverts, mon stick arcade est calé sur mes cuisses, Steam allumé pour voir si les autres lancent un petit Domination sur Modern Warfare 2, Google Doc déborde, FileZilla et ses barres vertes incomplètes me disent “encore une petite heure et c’est bon”.
Mon bol est encore rempli à moitié de glace au café, il y a ce ventirad Noctua qui attend toujours d’être monté. Et surtout, je suis bien, toujours aussi bien au coeur de la nuit.
Alors, lorsque je vais me coucher, je me retrouve en position horizontale, toutes les positions horizontales. Sur le ventre, le dos, les côtés, une jambe pliée, au dessus de la couette, le bras en coussin, en position foetale, dans le creu de son cou. Je gigote, me recale, me dégourdit les articulations soudainement ankylosables en un 2 minutes, me ronge les ongles… Impossible de m’assoupir. Mon cerveau, vexé d’être mis au lit si tôt, comme un gamin en colo un soir de non-veillée, fuse. Comme un junkie, le voici prêt à triper sur n’importe quoi :
“Ce serait quoi, l’équipement parfait d’un Chronos level 25 full stuff ?
Tiens, j’ai un concept top de site.
Et si je devenais un Dieu de Street Fighter ?
Et si je lançais une marque de périphériques gamer ?
Bon, je me remonte quoi, comme rig photo ?
Mais qui est vraiment cette bloggeuse que j’ai l’impression de voir partout ?
Rha, si je pouvais griller ce connard de blogger…
Et mon livre ?
Est-ce que je pourrais me passer du journalisme ?
Comment gagner pas mal d’argent ?
Et mon livre ?
Bon, il faut vraiment que je trouve la solution parfaite de contenu/back up centralisé entre tous mes postes qui ne soit pas un NAS.
Je crois que j’ai trouvé le moyen de faire le plus gros damage en un seul coup à Heroes of New Earth.
Je crois que j’ai trouvé un autre moyen, encore pire.
Merde, pourquoi je pense à cette personne, là maintenant ?
Et si j’était le héros de Walking Dead, je ferais quoi différemment ?
Pourquoi je n’expose pas ?
Tiens, et si je trouvais un pitch pour mon prochain projet.
Dans quel pays partir vivre ?”
Tout, tout : mon noctambule de cerveau se raccroche à tout.
J’ai l’impression d’être un postulant ex-fumeur, en plein pic de manque, lorsque cela devient physique, le manque, les gestes dans le vide. Et c’est physique car c’est crevant. Non seulement on bouge pendant 2 bonnes heures pour trouver une position parfaite qui n’existe que pour une trentaine de secondes, mais le stress de ne pas dormir – alors/parce que l’on a raisonnablement réuni toutes les conditions pour – se pose en cerise sur le gâteau au Guronsan.
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Que répondre à “votre blog me fait beaucoup rire” ?
La nuit dernière, j’ai pensé à une fille. Oh rien d’érotique (vraiment), mais la situation était rigolote. J’arrive à la présentation Intel (qui présentait son architecture i3/5/7, lancée… Début 2009). A l’accueil de ce genre de soirées de grosses boîtes, on est sûr à 95% de tomber sur des hôtesses haut de gamme. Le genre de fille qui te fait sentir un peu minable, grande, fine, plutôt raffinée et pro et toi, t’es un journaleux nerd subitement court sur pattes et pas très propre. La fille en face de moi était une digne représentante du genre, voix grave et posée en bonus.
“Bonsoir, je suis Monsieur HUA – avec un H, pour le magazine GQ”. L’attachée de presse me reconnaît, la bise bonne année chouette lieu et toi ça va etc.
L’hotesse : “Ok, Monsieur HUA, ce listing. Et euh, je vous connais.”
“- Ah ?”
“- Je lis votre blog, je ris beaucoup.”
“- Ah.” Moment précis où, au lieu de laisser ton égo savourer sereinement ce petit moment de reconnaissance, tu te sens surtout con parce que tu n’as rien à dire dans ce cas-là. Alors que t’es censé faire rire beaucoup, il paraît.
“- … Enfin, dans le bon sens hein, vous me faites rire.” Moment précis où la personne qui a le mérite d’une honnête et spontanée flatterie se dit “putain mais je passe pour un con / une conne, il/elle doit me prendre pour une groupie du vide”.
“- Eh bien, merci, j’espère que vous rirez encore, j’y veillerai”. Rho, cte répartie de niveau régionale 3, on l’a tous vue venir la seconde après avoir parlé.
Evidemment, un balai se faufile lentement dans mon fondement alors que je m’empare du press kit et je pars de la manière la plus digne possible (un balai dans le cul, les plus anciens se rappelleront de la fameuse soirée Lapins Crétins / Super Procrastinator) en me demandant ce que j’aurais pu bien dire de juste pas ridicule.
Car de la même manière que la jeune fille a dû se faire des films sur le fait que je me ferais des films, je statuais vite qu’un demi-tour et une vanne de rattrapage me feraient passer pour un vieux mort de faim. Car dans ce genre de soirée, le pauvre fool qui commence à draguer les hôtesses est encore plus crevard que celui qui commence les buffets. Je suis celui qui commence les buffets, rien d’autre. Règle d’or.
Il faut une vanne tout en expliquant qu’on ne drague pas. ” Mais je tiens à vous dire que cette vanne était gratuite car je suis maqué ! Et amoureux !” Mon Dieu, ce serait encore pire.
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Alors comme ça, une charmante inconnue vous fait un simple compliment sur la dimension lolesque de vos écrits, et il n’existe aucune phrase ou closing joke pour l’honorer (le compliment) sans passer pour un tocard, un chaud lapin ou un bouffon de la blogo ? Evidemment, j’ai passé une partie de la nuit à imaginer la réplique parfaite, digne et épurée de tout possible sous-entendu. Jusque 4 heures du matin, en vain.
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