Dans le dernier Technikart j’?non?ais ? propos du fabuleux BlazBlue la r?gle suivante : dans la mode comme dans les jeux vid?o, la diff?rence entre flamboyance et ridicule tient parfois du fait que l’on est japonais ou non.
Ainsi, certains looks ne passent que parce qu’ils sont port?s par des fashionistas nippons tout comme certains jeux compl?tement baroques seraient ridicules si un studio occidental tentait de les pondre.
Une petite r?gle qui pourrait ?galement d’appliquer ? Quentin Tarantino et le monde du cin?ma. Les films du plus nerd des r?als tirent souvent leur puissance du fait m?me que seul lui peut les oser. Et Inglourious Basterds en est un superbe exemple. Remake tr?s libre d’un sombre war movie, ce dernier pioche tout ce que j’aime chez mister QT :
[spoiler alert dans la suite]
– Des dialogues ?normes. Si Tarantino est souvent associ? ? la violence, je pense que la virtuosit? de ce mec tient plus dans ses sc?nes de dialogues. On les avait rep?r?es dans le tr?s sous-estim? Jackie Brown, aim?s dans Kill Bill vol.2 et Boulevard de la Mort. La tendance ne s’inverse absolument pas ici et d?s la sc?ne d’ouverture, on repart sur une succession de face ? face absolument ?piques et ma?tris?s dans leur ?criture, leur mise en sc?ne / direction d’acteur ?touffante et leur longueur qui joue avec vos nerfs.
– Des acteurs ?normes. Brad Pitt est jouissif (d?cidemment, apr?s Snatch, il aime les persos ? fort accent), M?lanie Laurent a les ?paules (bon ok, son boy Marcel est catastrophique), tous les seconds r?les allemands (pas des Tom Cruise avec des accents hein, des vrais allemands) ont une classe dingue et ?videmment au sommet de tout ce pack il y a…
– Une ex-star foireuse ?norme. Bah oui, comme les Masters At Work aiment ressortir de vieilles diva Soul de la naphtaline, QT aime (re)lancer des acteurs ringards capables de devenir g?niaux entre ses mains : Travolta, Grier, Russell et ?videmment ici, Christoph Waltz. Et l? mes cocos, c’est BINGO (si vous avez vu le film…). Le buzz autour de l’acteur (Palme d’Or, Tarantino le d?crivant comme sa plus grande exp?rience de direction d’acteur) mettait la pression sur Waltz, on en ressort amoureux.
L’acteur Autrichien, quand m?me pilier de l’apr?s-midi teutonne sur France 3 (Tatort, Rex chien Flic, Derrick, Le Renard, merde quoi), explose ici dans le r?le d’un chasseur de juifs, litt?ralement. Un homme brillant, raffin? et sanguin (vous l’avez vu boire le lait ou manger son Strudel ?), implacable et inattendu, se jouant de tous avec une gr?ce et une puissance indicible. C’est simple, chacune de ses s?quences (ouverture, avec M?lanie Laurent, Op?ration Kino) sont les meilleures du film. Etre tellement s?duit par le Mal, ?a n’?t? pas arriv? depuis le Silence des Agneaux et encore, le r?le d’Anthony Hopkins me para?t plus frontal.
– Des gimmicks kitsches Tarantinesques. Tels des petites friandises, ces clin d’oeils font la signature du monsieur. “Once Upon a Time” en ouverture, la voix off qui explique, les chapitres, les intros de persos (totalement arbitraires) et ?videmment des r?pliques qui sorties d’un film de QT, sont absolument impla?ables. “On va scalper des nazis”, s’il vous pla?t.
– Les contres pieds sc?naristiques constants. Mettre en valeur 3 des Basterds pour tous les tuer en 30 secondes et laisser la fin du film en compagnie des “discrets”. Diriger ton spectateur vers un certain respect de l’histoire pour soudainement lui d?foncer ses attentes comme les Basterds vont d?foncer Hitler et Goebbels. La mort d’Hitler, aucun film n’avait os?, ne serait-ce que de mani?re cr?dible.
– De la violence. Beh oui. Au del? des mises sous pression des sc?nes de dialogue, le films explose r?guli?rement dans un gore tr?s rapide et explicit. On est chaleureusement accueilli par du scalp plein champ de cr?nes, un bon d?fon?age ? la batte, un gun fight dans une cave aussi attendu dans sa venue que d?ceptif dans son r?sultat et une sc?ne finale qui en contraste, traine en longueur et n’en finit pas d’ajouter aux m?taphores (le cin?ma, transform? en immense four cr?matoire, ces juifs qui arrosent froidement l’?lite nazie de balle, l’autodaf? de culture pour d?marrer l’incendie) une souffrance p?nible et donc efficace.
De la jouissance. R?ussis ou non, les films de Tarantino donnent toujours cette impression : ils ont d? s’?clater sur le tournage. Acteurs ? 120% (oui bon, sauf Marcel), humour cabot et prises de libert?. Rien ? dire, le plaisir f?roce de Quentin est contagieux.
– Des d?fauts. En pagaille. Film trop long, destructur?, mal ?quilibr?, ce satan? Marcel et son jeu d’acteur AB Prod, un peu trop de plaisir ? se regarder jouer les virtuoses etc. L’avantage ici, c’est que l’on se dit que “hey, c’est du Tarantino”. Malin, le mec.
– Le syndr?me combat de samoura?. Au final et alors que l’on dig?re Inglourious Basterds comme un verre de Scotch qui br?le encore, le style de Tarantino prend une forme s?duisante. Des sc?nes de dialogue excessivement longues mais absolument succulentes rythm?s par des fulgurances de violence qu’on lui conna?t depuis ses d?buts. Un peu comme ces combats de samoura? o? le face-?-face, la pr?paration mentale, les phrases de mise en garde et enfin la charge fatale. Et voil?, c’est in?vitable, on en revient aux japonais.
– Le d?bat post film. Bon, on va se calmer vu l’activit? bouillante des commentaires ces derniers temps sur le blog, mais le plaisir d’un Tarantino, c’est aussi d’en d?battre sans fin avec ses fans et ses d?tracteurs enrag?s.
G?nial ? Surestim? ? Tourne en rond ? Excessif ? Excellent ? Entr? dans l’esprit des gens avec son doigt d’honneur ? une frange du public de Cannes, le QT s’est pr?sent? d?s le d?part en cas passionnel. Et en ces temps de r?gne du bon go?t folk-bio, un peu de junk food de qualit? ne fait jamais de mal.
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