Ce soir, dans la solitude de la nuit, perché sur une gargouille qui surplombe la ville qui s’endort, je (regarde l’horizon et je) souffre.
Car le démon qui me ronge chaque jour un peu plus montre enfin son visage : depuis quelques mois, j’écris de plus en plus mal. Comprendre “je fais de plus en plus de fautes de français” – le style reste à la discrétion de votre appréciation.
Non vraiment, c’est incroyable et déplorable : oubli de lettres, de mots, mauvaise conjugaison, répétitions, grammaire, syntaxe et le pire du pire : “é” au lieu de “er”. BLEeeh la honte !
Ceux qui lisent ce blog depuis un certain temps s’en rendent compte : les posts sont de plus en plus farcis d’erreurs de langue et de langage. Sur BienBienBien, je me fais même gronder dans les commentaires comme un sale redoublant en classe d’Engrish. Oh, the Pain !
A vous, M. Carani, Mme Orinel, M. Rondeaux et tous mes profs de français qui me distribuaient mes dictées dans les premiers parce que j’avais toujours 18, je pose genou (hibou, pou, caillou) à terre, ne me regardez pas comme ça, pleaaaase.
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Du coup, je me ressaisis et tente de poser des mots sur ce qui m’a poussé (j’avais écrit “posé”…) dans une telle déchéance linguistique. De manière non hiérarchique, on aurait dit que :
1. J’écris de manière éclatée
A force d’écrire plein de choses, je note souvent des bouts de phrases et d’idées pour ne pas les oublier, avant de les développer. Cela donne parfois des bases pas très saines à mes phrases.
2. Je n’aime pas me relire
Ego de coq, gros poil dans la main ou un joyeux combo des deux, je n’aime pas relire mes textes pour les corriger. C’est d’un ennuiiiiiiiii. (oui, j’ai relu ce texte, une fois)
3. J’ai WORD
A l’époque où je rédigeais des solutions de jeux vidéo, j’écrivais tellement de mots et surtout, tellement les mêmes que je me suis customisé un Word qui me faisait taper presque exclusivement en abrégé des termes comme “gauche“, “plates-formes” et autres “ne crevez pas“.
4. J’ai un(e) S.R.
Privilège du journaliste : avoir des Secrétaires de Rédaction, ces gens qui arrivent derrière vous, corrigent, éclaircissent et passent le polish sur vos textes. Mine de rien, cela rend un peu fainéant d’avoir cette sécurité en tête, lorsque l’on tape ses textes en retard.
5. J’agis avant de réfléchir
Souvent, lorsque j’écris un post (comme celui-ci), cela part d’un coup et je termine par le cliquer sur le bouton “Publier” comme un écrivain ferait tinguer sa machine à écrire. On se retrouve donc souvent avec ce qui ressemble à un brouillon publié. D’un autre côté, j’aime ce côté vivant et non-contrôlé du blogging.
6. J’écris moins en vrai
Séquence réac’ : à l’époque où j’écrivais avec un vrai stylo sur du vrai papier, je m’appliquais plus, ne serait-ce que sur l’esthétique des mots. Cela redouble aussi l’attention sur les règles de français.
7. J’écris de manière très éclatée
Comme pas mal de monde, lorsque l’on passe sa journée à envoyer mails et sms, à chater sur MSN, Facebooker, twitter et noter des petites choses, on bâcle son langage. Abréviations, anglicismes, barbarismes, lolismes, abolition des majuscules, des virgules… Si l’on communique beaucoup plus, on n’ecrit pas forcément mieux, car ces types de communications s’apparentent ici plus à de l’oral que de l’écrit, le langage devient donc moins soutenu.
8. Le spectre de la correction
Enfant des arguments 4 et 6, l’écriture numérique dédramatise la faute. On écrit plein de petites choses sans vraiment de soin, et si fautes il y a, on peut les corriger de manière rapide, propre et facile. Mais ça, c’est comme descendre les poubelles : on le fera plutôt demain, hein.
9. Le SMS
Nan, je déconne.
10. Le manque d’Attention
Evidemment, bien sûr que oui, bravo Sherlock : si tu tapais autrement qu’entre deux autres textes ou à 4h00 du matin, ton esprit serait peut-être moins brouillardeux (barbarisme, je sais) et tes fautes, moins légions, andouille de Lâm.
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Voilà pour les excuses, il faut se ressaisir et passer maintenant à la phase Rehab’. (Jingle militaro-viril, intérieur jour, dans une cabane, une tête de derrière, cheveux moites et abondants. Deux bras musclés serrent fermement un bandeau rouge autour. Son de “Zip”, zoom arrière. Des méchants s’apprêtent à morfler mais ils l’ignorent encore).
Invocation des 3 Elémentaires.
J’ai ainsi installé la dernière version du Robert sur mon ordinateur et ajouté un site de conjugaison dans mes favoris. Retour en arrière, on redevient humble et on bûche, comme à la grande époque du Bled et du Bescherelle.
Heureusement, cela en devient presque ludique, limite addictif : Lorsque l’on (re)prend l’automatisme de consulter un dictionnaire ou un manuel, on retombe aussi dans cette période bénie où la soif de Savoir l’emportait sur la vanité de ne pas faire face aux limites de nos connaissances ou de nos dispositions à bien écrire.
Petit, j’adorais dévorer dictionnaires et encyclopédies dès qu’un mot me taraudait. “Nihilisme“, “incrémental“, “nonobstant” et autres “biffle” (personal joke) m’obsédaient. Ca à l’air regressif, mais j’ai adoré vérifier que le verbe “aigrir” utilisé dans le titre de ce post était bien ce à quoi je pensais.
Ôooh, noble Art du positivisme, je loue la grâce avec laquelle tu fais passer ma regression intellectuelle pour autant de nouveaux territoires de connaissance qu’aucun homme n’a jamais foulé, à part moi-même, il y a quelques anners. Oups.
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