Lundi de pont : Comme prévu, peu de monde, un faux rythme, une humeur vaporeuse. On travaille dans une ambiance ethérée, sans vraiment savoir sur ce quoi on travaille. Comme ce sans abri, croisé sur la plage de Santa Cruz en Août dernier.
Je me baladais seul dans cet endroit décevant, mes amis m’attendaient dans ce restaurant situé au bout du ponton. Au moment de quitter la plage pour y grimper, je croise toute une troupe de SDF abrités du soleil sous les planches dudit ponton.
Tous, sauf cet homme qui ajuste inlassablement une longue ficelle de plastique à un bâton. Avec le vent, elle s’envole haut, comme tirée par un cerf-volant, sauf que je n’ai aperçu aucun objet au bout de la ficelle. Elle semblait tendre vers le haut, toute seule comme une grande. Et l’homme de checker, ajuster, rechecker inlassablement.
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Je ne sais pas si la beauté de la chose venait du résultat, ou de la nature quasi amnésique du labeur : cet homme n’avait l’air ni heureux, ni malheureux, ni concentré, ni décontracté. Il ajustait et vérifiait simplement cette ficelle qui tendait vers le ciel.
J’ai du mal à poser des mots sur cet état, mais il m’est familier. Souvent, j’écris, je regarde, je surfe, le reflechis en oubliant le but de tout cela, la direction de mon labeur. Je suis juste plongé, pris dedans. Et si l’on regardait dans mes yeux, on ne saurait dire s’ils sont concentrés ou perdus dans le vide.
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