Juste de retour de mon premier cours de Viet Vo Dao. Après 10 mois sans sport régulier, je suis bien évidemment vaseux et douloureux. Vous savez, le genre mal au corps – en pyjama – tout propre de la douche. Un peu fier aussi. Je sais que beaucoup de douleur et d’efforts m’attendent désormais deux fois par semaine, mais pour avoir pratiqué 4 ans de Tae Kwon Do, j’arrive à visualiser le truc.
D’ailleurs, je compte également prendre des cours de Viet, la langue maternelle que j’ai oubliée en entrant à l’école. Ma soeur à trouvé une chouette prof et elle fait des progrès rapides.
Pour couronner le tout, une chouette chanson qui fait son petit buzz me trotte dans la tête : Bonjour Vietnam. Un petit peu carte postale mais vraiment apaisant. Vous pouvez écouter la chose par ici.
Et vous savez quoi ? Vendredi, j’irais peut-être à ma première Asiatitude, histoire de voir comment on se déhanche sur fond de Rn’B, de cha cha cha et de pop cantonaise.
Tout cela pour quoi ? Peut-être pour régler un complexe. Car depuis longtemps, nous avons la lourde réputation ma soeur, mon frère et moi, d’être considérés comme des “déracinés“. Comprenez des jeunes vietnamiens qui n’adoptent ni ne font vivre la culture de leurs parents, tous arrivés en France à cause de la guerre.
Contrairement à mes cousins et amis viets (nés comme nous en France), nous ne parlons pas vietnamien, n’avons jamais adhéré à l’UJVF. Bien sûr nous fêtons le Têt et squattons les restos du 13e, mais pas grand chose de plus.
Nous n’avons pas fait d’études d’ingénieur, médecin ou avocat et même si cela vous fait sourire, la pression sur des parents de ce côté là est énorme. J’ai mis du temps à faire accepter à ma famille que je voulais travailler dans les médias en écrivant et en parlant. Même si cela leur paraît naturel aujourd’hui, il y a eût des fights assez dantesques à l’époque, et ils s’inquiètent encore un peu pour moi (“Tu devrais trouver un poste stable à Télérama“) !
A l’époque, je me défendais sincèrement en exprimant mon envie de me construire librement, loin de toute contrainte ethnique ou sociale. C’est en fait une vision très moderne et occidentale de la construction de soi que j’ai suivi. En Asie et spécialement au Vietnam, l’individu se construit par rapport à un cercle social. La famille est extrêmement forte, le travail ensuite.
Ici, la société est beaucoup plus individualiste au sens non péjoratif du terme. Chacun slalomme dans la vie à sa manière, engrangeant rencontres et oppourtunités. La gestion de l’égo et du soi est beaucoup plus centrale je trouve : la culture des blogs en est un exemple. Une civilisation d’individualités : C’est ce style de vie que j’ai toujours aimé et que je vis actuellement.
Alors bien sûr, l’enchaînement Viet Vo Dao – Cours de Viet et soirées viet m’a un peu fait douter. Je rêve bien sûr de retourner (d’aller, en fait) au Vietnam, veut toujours découvrir plus ma culture d’origine. Besoin d’un retour au sources ? Après reflexion, je ne pense pas. Je les intègre de manière plus expansive que conservatrice. J’adopte plus ces nouvelles activités pour élargir mon champ de découvertes que pour me rétracter d’un style de vie. Comme un occidental. Enfin, un être né d’un père d’origine chinoise, d’une mère vietnamienne ayant un grand père français et élevé toute sa vie en France.
Déraciné ? Peut-être, mais plutôt léger.
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