Faut que je vous parle.

Non, vraiment. Maintenant. Maintenant !

Oui, au croisement de Jefferson et la 5e.

…

Ouais, salut, merci d’être venus. Je dois vous confier un secret, mes lecteurs : j’ai peur de mes amis.

J’ai des amis, ils font plein de trucs ensemble. Tellement que je crois qu’ils changent. Ils me foutent la pression.

Ils passent des soirées étranges, à regarder des films de merde comme l’Homme Puma, ou à jouer à des jeux de société type Twister, AtmosFear, Lego ou le Jeu des 7 Familles. Oui, le jeu des 7 familles. “Dans la famille Fêtards, je veux le père”, tout ça. Ce soir, ils jouent. Tous les soirs, même.

Et au début, c’est excitant, tu viens, mais le rythme et les délires vont loin, un peu trop.

Alors, tu commences à moins venir, à tenter de prendre tes distances, protéger ta famille – la vraie.

Et là, BIM. C’est la pression immédiate, intenable. Ils agissent de concert, comme les enfants du filme “Le Village des Damnés”. PRESSION, TU PEUX PAS QUITTER LE GROUPE.

Cette coordination, je suis sûr qu’ils partagent la même conscience, comme les abeilles d’une ruche.

Alors tu vois lecteur, j’ai peur. Je ne peux pas me tourner vers les autorités, ils me prennent pour un fou, mais je connais la vérité, je sais ce qu’il se trâme : mes amis vont venir chez moi un jour, avec des Playmobils, un Ouija ou même Mystères de Pékin !

J’ai demandé de l’aide à ma chérie. Elle s’est alors lentement tournée vers moi et m’a dit, d’un air désincarné : “S’ils jouent à la Bonne Paye, je serais partante à fond !”. Elle est perdue.

J’ai peur, maintenant que tu sais, tu ne peux plus reculer : aide-moi.