Elle est là, allongée sur le lit, allongée sur le dos. Nue. Je n’arrive pas vraiment à savoir si elle me regarde au fond des yeux ou si elle fixe platement le plafond, Paris Hilton. Elle sourit juste, efficacement.
Ses jambes sont entre ouvertes, invitation : soudainement, je me sens un peu perdu, là.
…
Qu’est ce que tu as honey ?
Euh, je ne sais pas… Je me sens soudainement moyennement lubrique.
Tu as besoin d’un truc ? Dis-moi…
Non non, vraiment, je ne sais pas vraiment. Je sens comme un léger malaise, peut-être qu’un rafraichissement me fera du bien.
Fais vite, va à la salle de bain…
Ok.
…
Alors, tout va mieux ? Parce que moi, je suis toute triste, il faudrait me consoler, me cajoler…
Eh oui oui, j’arrive, petite coquiiiiine, tu vas goûter à la France hehehe…
Mm.
Mm ?
Tu pues le mensonge. T’as pas envie de moi. Oui, je le vois. J’y crois pas, tu n’as pas envie de moi. Putain il n’a pas envie de moi ce petit con !
Mais si, mais si ! Calmes-toi, je suis complètement chaud bouillant là, c’est bon, c’est sûr j…
…
…
…
… C’est juste que…
… Que tu flippes ? Tu penses que je vais te manger, que je suis un mec, qu’un paparazzi est en planque sous ce King Size depuis 72h00 ? Décide-toi ou casses-toi !
Nan, c’est juste que… C’est trop bizarre cette situation. Je suis là, à poil face à Paris Hilton à poil elle aussi et… Ca bloque. Ton visage, il me bloque.
Quoi comment ça, j’ai quoi, j’ai un truc, j’ai un problème, ya quoi ?
Rien, c’est juste… Ton visage. Tout d’un coup, il me réapparaît comme le visage de Paris Hilton que je vois tous les jours à la télé et dans les magazines.
Comment il est, ce visage ?
Un peu… sale.
The fuck ??!
Je ne sais pas, tu respire le sale. Sous ce maquillage parfait et cette absence de défauts flagrants, ton visage me fout les chocottes. Je ne t’ai jamais trouvée jolie même sur tes photos les plus retravaillées, ça me foutait les chocottes, ce visage méconnaissable suivant les retouches : c’était sale, faux, fait pour être beau.
Et puis ce soir, ben ça m’a excité. Et maintenant plus.
Nan mais je rêve, je rêve, ya une caméra là ? Tu te filmes, c’est encore une sex tape de merde ?
Non, non, je te jure ! C’est juste que… Voilà.
Ok, tu as bu et là, tu dessaoule. J’ai connu ça, c’est glauque alors je suis sympa, je te laisse sortir sans hurler. Sors de la chambre maintenant si tu n’as pas envie de moi. Disparais. Disparais. Disparais, pleeeease.
Non, mais j’ai envie de toi mais… Mais comme on a envie d’un truc un peu sale, tu vois ?
Non, je ne vois pas, NON.
Bah imagine un Mc Deluxe. Tu sais que ce sandwich est sale, que tu ne vas pas le digérer pendant des heures, mais bon voilà, parfois, tu as juste envie d’un Mc Deluxe. Tellement que tu en viens à penser que le mot Deluxe n’est pas usurpé. Tu serais un peu le Mc Deluxe du One Night Stand.
…
Je suis désolé Paris houlà, qu’est-ce que je dis putain, putainnnn. Je m’excuse de t’avoir blessée. C’est la première métaphore pourrie qui m’est venue à l’esprit je sais pas quoi dire làaaa.
Pff.
J’ai l’habitude. Ce n’est pas la première ni la dernière fois qu’on m’insulte ou qu’on tente de faire un trophée de mes fesses.
Non non, vraiment je…
Tu n’es rien. Tu n’es RIEN. Tu penses que tu es quelqu’un parce que tu vas te taper Paris Hilton ? Mais ce n’est pas en me pénétrant que tu accèderas au firmament, petit branleur ! Je vais casser un truc, je vais casser un truc !
Oui, ça, j’ai bien compris que se taper Paris Hilton, ce n’est plus vraiment un exploit.
Fais pas ton malin, petit con ! Arrête d’être une bite sur pattes et réfléchis un peu ! Les mecs comme toi, je m’en fais sans problème, sans arrières pensées, tout le temps. Je les aime plus que tout au monde, le temps d’une nuit et cet amour disparait, un, allez, deux jour plus tard.
Ce n’est pas un problème. Je sexe comme j’achète : quand je veux. Et après, on me traite de salope. Je m’en fous. Je m’en fous to-ta-le-ment.
Bah merci pour m…
Les mecs comme toi ne sont pas des Dieux, vous n’êtes que des petits wanabee plus ou moins mignons, vous n’êtes que des petits trucs qui font craquer les filles comme moi sur le moment – ou pas. Vous n’êtes rien et vous pensez être au centre de tout. Vous êtes tellement cons…
Hey, je t’ai jamais traitée de salope. Bon ok, j’ai été un peu con sur ce coup, mais…
… Un peu ?
C’est bien là la question. C’est bien pour ça que le lendemain, ils dépriment tous : Aujourd’hui, le firmament, c’est de faire du starfucking, se taper une des 5-6 starlettes du vide. On devient la gloire de ses potes et en même temps, on n’est jamais assez connu pour être harcelé tout le temps par les médias. Sauf si on s’appelle Nick Lachey. Quel con, ce Nick d’ailleurs.
Oui bah moi je m’en fous du firmament. En France, j’ai eût ma petite gloire il y a quelques années, mon égo est rassasié.
Et pourquoi tu m’as chauffée comme un malade à cette soirée ? J’aimerais bien que tu m’éclaire, monsieur fucking zen.
Eh bah… Tu me plaisais – sur le coup.
Talk to my hand, fag…
Nan, vraiment ! Je veux dire… Au-delà de toute considération physique, j’étais tout seul dans cette soirée VIP, je viens de débarquer aux USA et je me sentais tellement misérable que tu ressortais d’autant plus dans le décor. Tu brillais au sens propre du terme. Les spots, ta tenue, les flash, les regards, t’étais une ampoule et j’étais un insecte.
C’est le drame de ma vie.
De quoi, les insectes ?
De servir de phare aux gens.
Euh, n’exagère pas non plus.
Si, vraiment, les gens veulent être dans ma lumière, juste un peu, ça les rassure. J’ai pas dit que j’étais une muse hein, juste que je sers à attirer la lumière. Il faut bien qu’elle pointe quelque part, non ?
Oui, peut-être.
Je ne suis pas un canon, je le sais. Je ne suis pas bête (n’y penses même pas et fermes là), j’ai eût le temps de me matter et de me comparer à longueur de journées. Je déteste mon nez et j’adore mes jambes par exemple. Maintenant, j’aurais eût le physique d’Ugly Betty, les gens seraient venus vers moi quand même. Tant qu’il y a de la lumière, ils se sentent protégés.
Ca m’aurait peut-être donné de l’assurance en tout cas. J’ai l’impression que dans cette ville, sans assurance, tu glisses inexorablement vers le vide absolu. Je ne me suis jamais senti aussi flippé.
Exactement… Mais… Mais qu’est-ce que tu fous alors, enfin je veux dire, tu n’es quand même pas venu à L.A juste pour te taper Paris Hilton ! Oh mon Dieu, je suis tombée sur un fan, c’est p…
Ben en fait, je visais Lindsay Lo…
Asshole.
Désolé – désolé, j’ai un humour pourri, ça doit être un mécanisme de défense.
Un truc de mec, je te confirme.
Ouais, bon. Bah, je suis venu aux USA parce que je tournais en rond en France et que si je tourne en rond, je deviens fou. J’ai voulu me la jouer American Dream. J’ai juste un passeport et mon putain de P.E.L cassé.
Un quoi ?
2500 euros. 3500 dollars, quoi. Et je suis ici et au bout de 9 jours je suis à 1 mètre 50 d’un coït avec Paris Hilton et voilà que je fais de l’humour bidon et que je bloque. Et c’est la merde, là. La merde internationale. Je suis une merde classe Jedi.
Et tu bandes quand même un peu.
Ah, euh ouais… Bah je ne sais pas, c’est peut-être la situation elle-même qui est surréaliste… Non ?
.
Non. Bon, je vais arrêter de te poignarder la face comme un sale petit con et je vais partir de la manière la moins minable qui soit. Désolé pour le dérangement et puis bonne chance dans la vie et voili voilààà…
Et tu vas faire quoi ?
Je ne sais pas. Je vais peut-être retourner à la soirée et faire dans le starfuc networking…
Si tu retournes à cette soirée, tu es mort – avec ou sans moi. Tu es repéré, déjà fiché par tout le monde : ma cour et mes ennemis sont en attente de feedback sur le petit inconnu de la soirée qui a ramené Paris. Ca tourne beaucoup, ici. D’ailleurs, j’apposerais un petit « humour et bite un peu défaillants » sur ton cas dans mon carnet de contacts.
Là, c’est toi qui fais de l’humour naze.
… Ouais, j’ai fait mon mec lais t’es quand même mal placé pour me faire la leçon. Bon, tu vas faire quoi maintenant ? Tu es grillé de tous les côtés et tu ne t’es même pas placé dans la hiérarchie people. Même Misha Barton, elle aurait pas pitié de toi.
Je voudrais faire un truc trash et enrichissant dans cette ville. Un truc énorme mais juste pour moi. Un genre de secret au grand jour…
… Continue ?
J’ai besoin de toi et puis je te trouve super vive en fait. Non vraiment, l’impact des médias sur ton image, c’est trompeur, mais genre énorme. T’es fortiche et un peu flippante en fait, tout l’inverse de ton image publique.
Oui bon, je ne suis pas un génie non plus. Mais bon, je n’ai jamais voulu l’être, c’est trop chiant à entretenir, la crédibilité. Autant s’amuser autant qu’on puisse. On fait des gaffes, on passe pour plus conne qu’on ne l’est… Et alors ? On voit ma culotte, et alors ? Si t’avais 25 paparazzi littéralement couchés sur le dos dès que tu monte dans une voiture, je pense que peu de filles arriveraient à cacher leur culotte. Et alors ?
Et… Et alors.
Amuse-moi. Surprends-moi avec ton projet secret.
… Bon, j’ai qu’à devenir ton gigolo, alors. J’ai toujours voulu être escort, je crois que là, je tiens une occas’ en or. Et diamant. Et strass.
Toi ? Tu rêves mon petit Lan.
Lâm.
Lâm, ok. Je connais les mecs comme toi, vous vous pensez assez fort pour verser dans le trash, mais quand je te prêterais un week end aux copines laides avec trois G de C en bonus, tu verras si tu as l’âme d’un gigolo.
Nan, mais je veux être le gigolo d’une femme, d’une seule ! Et pousser le trash par là !
C’est-à-dire ? Tu pars loin, là.
Je ne sais pas, un vrai délire entre toi et moi. Juste toi et moi.
Et la Terre entière ? J’ai une tête à avoir de l’intimité ?
Il faut les berner, alors. Il faut jouer le jeu à fond. Laisser les gens supputer des choses, prendre des photos complètement dingues. Je m’abandonnerais totalement comme un objet de consommation et toi comme une consommatrice ultime.
On choquera les gens, on sera à fond dedans, on poussera chaque fois un peu plus loin dans la confusion !
…
Non ?
…
Non ?
Les projets fous, on m’en vend plein, tout le temps, tous les soirs, affalés dans ce genre de suites à 1500 dollars. C’est tellement excitant que c’est forcément décevant. Moi je veux juste un truc simple.
Genre… Un Menu Deluxe ?
Fais pas ton petit con là, tu m’énerves, tu m’énerves !
Bon, elle était facile et…
… Et tu te sens plus à l’aise maintenant, je le sens, tu te lâches. Comme à la soirée, avant de monter ici. Ah, ces mecs, on leur redonne un peu de confort et vla les coqs.
Je suis si prévisible ?
J’en ai rencontré plein, des mecs, plein. Alors je commence à cerner les profils et les croisements de profils assez vite. T’es pas exceptionnel, c’est officiel.
Mince, t’es smart quand même.
Te fous pas de moi.
Non, vraiment enfin, je ne voulais pas dire que tu étais pas blonde, mais je pensais juste que tu étais une nihiliste trop bien entourée.
Nan nan, je vis juste à fond. Mais chez les gens comme moi, à fond, ça va forcément plus loin que pour le commun des gens pas célèbres et pas riches.
Et c’est mieux ?
Au début, oui. Au début. Et puis, à partir de 18 ans, tu as déjà le regard blasé. Limite la ménopause à la trentaine.
Ah ouais, quand même. Bon et alors, mon projet ? Gigolo au demi grand jour, on verse dans le trash faussement caché et on observe les gens qui nous observent. Et à la fin, on en fait un doc ou un livre ou un blog.
Tu auras les nerfs ? Ce qui vient de t’arriver ce soir, ce sera ton quotidien. Tu as le moral bien accroché, j’espère.
Oui ou Non ?
Oui, évidemment. Je dis toujours oui, parce que dire non, ça prend trop de temps. Autant faire les choses que passer le même laps de temps à expliquer pourquoi on ne les fait pas.
Alors c’est Oui. Ok, je bouillonne, je bouillonne, ça va être énorme !
Et tu ne bouillonne pas que dans ta tête apparemment… Monsieur le French Lover se réveille ?
… Touché.
Oui bah, en attendant, toi, tu m’as pas touchée : 23 jours de prison et d’abstinence, autant à convaincre le monde et moi-même que j’ai changé et bah mon corps et mon minou, ils me disant “naaaan“. Comme ça qu’ils le disent.
Ok, baisons.
De toute façon, tu es mon Gigolo, maintenant, TU fais un peu ce que JE veux, non ? Tiens, je bouillonne d’idées moi aussi, soudainement.
Hey calmos ! C’est une demie mascarade hein, on est d’accord : Je me ferais humilier si je sens que tu joues aussi le jeu !
Mais oui, pas de problème, ça va être fun. Go. Après le câlin, on retournera direct dans la soirée, je te filerais une liasse, mon tél et tu te casses “style” discretos. Ca va barder sévère dans les conversations.
Oui madame. Autre chose, madame ?
Vas me chercher un Mc Deluxe.
Hahaha, que t’es bête…
… Now.
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